Michelin ferme ses usines de Vannes et Cholet, plus de 1 200 salariés sur le carreau
ÉCONOMIE - Deux usines à plat et plus de 1 200 salariés sur le carreau. Loin des jolies annonces d’avril autour du « salaire décent », Michelin a annoncé ce mardi 5 novembre la fermeture avant 2026 de ses sites de Cholet et Vannes, mettant en cause « l’effondrement » des ventes des pneus pour camions et camionnettes. La direction a annoncé cette fermeture ce matin aux 1 254 salariés de ces deux usines de l’ouest de la France. Une annonce concomitante à celle d’Auchan qui va de son côté supprimer plus de 2 000 emplois.
À Vannes, « l’annonce, faite par la directrice, a été accueillie par un grand silence. Tout le monde accuse le coup », a témoigné Éric Boisgard, salarié depuis 2004 et ancien délégué syndical CGT.
À Cholet, « ils ont mis les 900 salariés dans une salle comme des vaches à l’abattoir et annoncé que c’était fini », a raconté à l’AFP Morgane Royer, salariée depuis « bientôt 10 ans » et déléguée syndicale SUD. « On a vu des collègues s’écrouler parce qu’ils étaient encore dans le déni ». Dans la foulée, le site de Cholet, qui fabrique principalement des petits pneus pour camionnettes (17 pouces et moins), a voté pour la grève dès la fin de matinée.
Le site de Vannes (Morbihan) produit lui principalement des câbles métalliques pour des pneus fabriqués ensuite en Espagne et en Italie notamment.
Comment Michelin justifie cette décision
Michelin traverse une année difficile avec le ralentissement du marché des véhicules neufs et la concurrence asiatique. « C’est l’effondrement de l’activité qui a provoqué cette situation, et je veux dire à tous ces salariés que nous ne laisserons personne au bord du chemin », a déclaré le PDG de Michelin Florent Menegaux dans un entretien avec l’AFP.
Michelin avait déjà fortement réduit son empreinte en France, son premier pays : avec Poitiers, Toul, Joué-lès-Tours et La-Roche-sur-Yon, il aura fermé six usines en vingt ans. Le groupe avait également annoncé un plan de 2 300 suppressions de postes dans l’Hexagone en 2021 : il n’y comptera plus que 18 000 salariés après la fermeture de Cholet et Vannes, dont 8 000 dans l’industrie.
« Les circonstances du marché européen du pneumatique - poids lourds d’un côté, et camionnettes - font que nous ne voyons pas comment nous pourrions recharger ces sites structurellement à moyen et long terme », a expliqué Florent Menegaux mardi. La fermeture est devenue « inéluctable » en raison de la concurrence asiatique sur les pneus de camionnettes et poids lourds, les secteurs des deux usines.
Quelles solutions pour les salariés ?
Le PDG de Michelin a également mis en cause une « dégradation lente de la compétitivité » de l’Europe qui empêche d’exporter depuis ce continent. Le groupe prépare d’ailleurs la fermeture d’ici 2025 de deux usines en Allemagne.
Le ministre de l’Industrie Marc Ferracci a réagi mardi en demandant « un plan d’accompagnement exemplaire des salariés et des territoires ».
Le groupe s’engage à « accompagner chacun des salariés concernés avec des solutions sur mesure », avec des offres d’emploi dans d’autres entreprises ou dans le groupe, ou bien en préretraite. Il « accompagnera également les deux territoires impactés en participant à la création d’au moins autant d’emplois que ceux supprimés », a-t-il promis.
À La-Roche-sur-Yon, 635 emplois ont été créés en quatre ans pour 613 emplois supprimés, selon Michelin. À Joué-lès-Tours, 1 054 emplois ont été créés en quatre ans pour 706 emplois supprimés.
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