Yahoo Actualités Michel Fourniret, portrait d’un tueur en série parti avec ses secrets
Michel Fourniret est décédé ce lundi 10 mai à l’âge de 79 ans. "L'ogre des Ardennes" avait été hospitalisé en urgence le samedi 8 mai à Paris pour des problèmes respiratoires. Déjà condamné à la perpétuité à deux reprises pour le meurtre de huit femmes et adolescentes, le tueur en série emporte avec lui ses plus sombres secrets. Retour sur son effroyable parcours criminel à travers la France et la Belgique.
Le casier judiciaire de Michel Fourniret s'ouvre en 1967. Accusé d'agression sexuelle sur une fillette, il est condamné à huit mois de prison avec sursis. Il est condamné quelques années plus tard pour des faits de voyeurisme et de violence. En 1984, il est interpellé à la suite d'une tentative de viol et finira par avouer une quinzaine d'agressions sur mineures, commises sur ces sept dernières années. Incarcéré à la prison de Fleury-Mérogis, Michel Fourniret fait la connaissance de Monique Olivier qui deviendra sa troisième épouse.
Après trois ans de prison, le Sedanais est libéré pour "conduite exemplaire" et décide de s'installer dans l'Yonne, près d'Auxerre, avec sa nouvelle femme. C'est ici que leur parcours meurtrier commence. Le 11 décembre 1987, Michel Fourniret et Monique Olivier enlèvent une adolescente de 17 ans, Isabelle Laville, à la sortie de son lycée. Après l'avoir violée, l'homme âgé de 45 ans étrangle la jeune femme puis jette son corps dans un puits.
Des meurtres résolus
S'ensuit un long et terrible parcours glaçant. Six autres jeunes femmes, dont deux mineures, sont froidement assassinées entre 1988 et 1990 par Michel Fourniret grâce à la complicité de son épouse. Au début des années 2000, le tueur en série récidive avec le meurtre d'une jeune femme de 18 ans puis d'une fillette de 13 ans d'origine thaïlandaise. Mais en 2003, il est interpellé par la police après une tentative d'enlèvement près de Namur, en Belgique.
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Âgé de 61 ans, il est interrogé pendant une année entière mais préfère garder le silence. C'est finalement sa femme, Monique, qui finit par craquer et avouer les crimes odieux de son époux. Michel Fourniret reconnaîtra par la suite six meurtres et assassinats le 30 juin 2004, puis deux autres le 1er juillet. Il précisera notamment aux enquêteurs les différents endroits où les corps de la plupart de ses victimes sont enterrés.
Le 28 mai 2008, Michel Fourniret et Monique Olivier sont tous les deux condamnés à la réclusion criminelle à perpétuité. En 2018, "l'ogre des Ardennes" est condamné une seconde fois à perpétuité pour le meurtre de Farida Hammiche, 20 ans plus tôt, qui faisait partie du "gang des Postiches", une équipe de braqueurs célèbre à l'époque.
L'affaire Estelle Mouzin
Le 27 novembre 2019, le tueur en série est rattrapé par l'affaire Estelle Mouzin. Il est mis en examen pour "enlèvement et séquestration suivis de mort" dans l'enquête sur la disparition de l'enfant. En janvier 2020, après avoir nié pendant des années son implication, Michel Fourniret confirme lors de son audition qu'il aurait bel et bien tué Estelle Mouzin. Des traces d’ADN partielles de la jeune fille sont retrouvées dans l’ancienne maison de la sœur de Fourniret.
Malgré ses aveux et de nombreuses opérations de fouilles à son domicile, le corps de la fillette n'a pas été retrouvé. Plusieurs autres affaires, non résolues à ce jour, planent autour de "l'ogre des Ardennes".
Des affaires encore en cours
Les enquêteurs se posent aujourd'hui la question : combien de femmes ont-elles croisé sa route ? Selon des informations du Parisien, ces empreintes génétiques seraient actuellement en cours de rapprochement avec au moins 21 affaires non élucidées de meurtres ou de disparitions entre 1987 et 2003. Cela concernerait exclusivement des fillettes ou des jeunes femmes, âgées de 10 à 39 ans.
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Selon son ex-épouse Monique Olivier, Michel Fourniret aurait tué leur jeune fille au pair, dont l'identité est toujours inconnue, en 1993. Mais cette information n'a pas été confirmée par la police à ce jour.
Le 12 novembre 2019, le tueur en série avait également indiqué aux enquêteurs être lié à la disparition de Lydie Logé, 29 ans, sans malgré tout avouer son meurtre : "Son visage me dit quelque chose" avait-t-il lancé, énigmatique, à la vue d'une photo de la jeune femme.
Des propos glaçants et énigmatiques
Au cours de ses nombreuses auditions et différents procès, "l'ogre des Ardennes" a marqué les esprits par sa froideur et ses questions parfois déroutantes. Selon ses propres aveux, il "devait chasser au moins deux vierges par an". Interrogé sur la disparition d'Estelle Mouzin, Michel Fournier avait fait des confidences glaçantes aux enquêteurs :"J'aimais bien les bords de Marne, il y avait de jolies maisons sur les berges et les petites filles qui sortaient de l’école, je les regardais... Beaucoup marchaient seules, c'était tentant".
Il aurait ensuite reconnu être "parti à la chasse" le jour de la mort d’Estelle Mouzin, avant d’ajouter : "C’est bien moi, mais vous ne la retrouverez jamais, je ne sais plus. Vous trouverez peut-être, mais ma mémoire est malade..."
Questionné sur la localisation du corps de la fillette, Michel Fourniret avait provoqué un certain sentiment de malaise :"Vous avez un corps sur les bras et vous devez vous en défaire, où ?Sans être vu, et vite s’en débarrasser, et demain il sera peut-être trop tard. La raison et la panique se télescopent et vous ne savez pas quoi faire et vous faites n’importe quoi".
Le tueur en série est mort ce lundi 10 mai à l'âge de 79 ans à l’unité hospitalière sécurisée interrégionale de la Salpêtrière à Paris. Il avait été placé dans le coma et était considéré par les médecins comme non réanimable.
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