Michel Denisot : "Je ne veux plus faire que des émissions qui me plaisent"

Michel Denisot, figure historique de Canal+ fait sa rentrée sur Paris Première. Le directeur de la rédaction de “Vanity Fair” lance sa nouvelle émission “En Off” lundi 25 septembre à 23h. L’ex-animateur du “Grand journal” revient à des interviews intimistes dans des lieux chargés de sens pour chacun de ses invités.

Crédit : capture d’écran
Crédit : capture d’écran

Votre nouvelle émission “En Off” – coproduite par Vanity Fair – est tournée en extérieur (Julien Doré au Pavillon Baltard, Vincent Dedienne au Café de la Danse). Qu’est-ce que cela apporte par rapport à une interview en studio ?

C’est très différent. Les invités ne maitrisent pas leur image comme sur un plateau où ils ont toujours un œil sur un écran de contrôle pour savoir où se trouve la caméra. Dans “En Off”, on est filmé dans tous les axes : on apparaît tel qu’on est et pas tel qu’on voudrait être. C’est valable pour les invités comme pour moi ! En marchant, l’esprit fonctionne différemment donc ça permet d’obtenir des choses un peu différentes, plus personnelles. Le tournage dure environ 45 minutes et ressemble à une longue conversation. C’est moins brutal que sur un plateau où on doit aller vite, respecter un conducteur, retenir l’attention. C’est un exercice plus intimiste.

Vos deux premiers invités sont Vincent Dedienne puis Julien Doré. Qui seront les prochains ?

J’ai tourné avec Mathieu Chédid chez lui dans le 6e arrondissement de Paris dans son studio d’enregistrement qu’il appelle le Labo M. J’ai également fait Louise Bourgoin, qui rêvait d’être professeur d’Arts plastiques, au Centre Pompidou. Il y aura également Carla Bruni à la Cigale à Paris où tout a commencé pour elle en tant que chanteuse en 2003. Pour le moment nous en avons tourné cinq.

Pourquoi avoir proposé cette émission à Paris Première et pas à Canal+ ?

J’ai commencé ce format sur le site de “Vanity Fair”. Après les deux premières avec Béatrice Dalle et Kyan Khojandi, on s’est dit que ça pouvait devenir un programme pour une chaine de télé. On a donc cherché une chaine en adéquation avec “Vanity Fair” et on a pensé à Paris Première. Tout ça s’est fait très rapidement. Je ne suis plus à Canal+ depuis un bail, je ne suis lié à personne.

Mais vous ne fermez pas la porte à Canal+ ?

Je fais quelques apparitions sur Canal comme pour le Festival de Cannes. Et je vais aussi tourner une nouvelle émission d’un autre genre courant octobre (lire nos informations exclusives). Il s’agit de l’adaptation d’une émission américaine de “The Hollywood Reporter” qui s’appelle “Roundtables”. Le concept est assez basique puisque c’est des gens autour d’une table qui parlent de leur métier : des acteurs, des actrices, des réalisateurs… J’ai regardé les émissions américaines et c’est très intéressant. C’est un programme exigeant et passionnant qui me correspond.

Après l’arrêt du Grand journal, avez-vous été contacté par d’autres chaines ?

Oui. J’ai d’abord eu des contacts en radio ou pour refaire des émissions à la télé. Mais je n’avais pas envie de revenir dans ce circuit-là. Aujourd’hui je ne veux plus faire de quotidienne, je ne veux plus faire que des émissions qui me plaisent : des “one shots” ou des collections. J’ai toujours eu besoin de faire des choses différentes. Je me lance par exemple dans le cinéma. J’ai quasiment terminé le scénario d’un film pour UGC qui sera tourné l’année prochaine. C’est une histoire qui se passe dans le monde de la télévision et qui s’appelle “Toute ressemblance…”

Quel regard portez-vous sur le parcours de Yann Barthès qui a commencé avec vous au “Grand journal” ?

Je n’y suis pour rien mais je suis content pour lui. Je connais Yann depuis très longtemps. Quand il est arrivé stagiaire à Canal, il distribuait les revues de presse dans les bureaux. Ensuite je l’ai vu arriver au “Grand journal” avec ses magnétos qu’il commentait en off. Par la suite on a dû le supplier pour qu’il vienne en plateau parce qu’il ne voulait pas. Puis il est parti faire “Le Petit journal” et maintenant “Quotidien”. C’est un magnifique succès. C’est quand même assez rare qu’un animateur arrive à emmener son public sur une autre chaine. Pour réussir à la télé il faut être la bonne personne sur la bonne chaine au bon moment. Et réussir à emmener son public sur une chaine comme TMC qui n’avait pas une grosse notoriété, c’est assez exceptionnel.

Et que pensez-vous du nouvel access de Canal +, “L’Info du vrai” présenté par Yves Calvi ?

Yves Calvi fait très bien ce qu’il sait faire. Mais ça représente un tel changement éditorial… Cette tranche était historiquement dédiée à l’infotainement (infos et divertissements). Quand on a l’habitude d’acheter son pain tous les jours au même endroit pendant des années et que d’un seul coup la boulangerie se met à vendre du lait, les clients sont déstabilisés. Dans un premier temps vous regardez où vous pouvez acheter du pain ailleurs et après vous pouvez éventuellement revenir dans la boutique pour voir si le lait est bon. Ça devrait marcher avec du temps mais c’est logique que ça ne démarre pas pied au plancher.

Dans “En Off” la dernière question que vous posez à vos invités est systématiquement la même : et à part ça ? Je vous la pose aussi : à part ça, Michel Denisot ?

À part ça, il fait beau aujourd’hui. C’est déjà pas mal. Et demain aussi il fera beau. C’est toujours demain qui m’intéresse.

Thomas Joubert

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