Michel Barnier réunit ses ministres pour la photo officielle de son gouvernement

À l'issue de son premier séminaire gouvernemental, le Premier ministre s'est affiché à l'hôtel de Matignon entouré des membres de son gouvernement.

Près d'une semaine après avoir été annoncé, le gouvernement de Michel Barnier s'est réuni ce vendredi 27 septembre pour une photo de famille.

La nouvelle équipe gouvernementale commence déjà à connaître des dissensions, entre le bras de fer entamé à distance par Bruno Retailleau (Intérieur) et Didier Migaud (Justice) et le recadrage d'Antoine Armand (Économie) par le Premier ministre lui-même. Prière donc de s'afficher au travail.

Le chef du gouvernement est contraint d'affronter un contexte politique particulièrement ardu, entre un budget 2025 à haut risque et sa mise sous "la surveillance" de Marine Le Pen, le tout sur fond d'exaspération de la macronie.

Parmi les membres du gouvernement qui vont devoir particulièrement remonter leurs manches dans les prochains mois, on trouve :

  • Antoine Armand (Économie et Finances)

À seulement 33 ans, le plus jeune locataire de Bercy de toute l'histoire de la 5ème République va s'atteler dans les prochaines semaines à boucler un budget parmi les plus contraints de ces dernières décennies.

Avec un déficit qui pourrait dépasser les 6% du PIB à la fin de l'année, Antoine Armand va ainsi devoir trouver l'équilibre entre baisse des dépenses et recettes fiscales supplémentaires avec probablement des hausses d'impôts pour les "personnes les plus fortunées" et sur "certaines grandes entreprises" très profitables, comme l'a déjà annoncé Michel Barnier.

  • Laurent Saint-Martin (Budget)

Aux côtés d'Antoine Armand à Bercy, Laurent-Saint Martin. Chargé de plancher dans le détail sur les futures orientations budgétaire, cet ancien député Renaissance est un très bon connaisseur des finances publiques.

Laurent Saint-Martin n'a pas caché ces derniers jours qu'il "y aura des choix forts à assumer" en matière budgétaire avant d'avancer devant la Commission des finances de l'Assemblée que certains crédits ministériels, actuellement gelés, pourraient être annulés.

  • Anne Genetet (Éducation nationale)

Méconnue du grand public, celle qui était jusqu'ici députée des Français de l'étranger dans une circonscription XXL qui va de la Russie à Singapour a atterri au ministère de l'Éducation nationale, sans expérience en la matière.

Va-t-elle reprendre à son compte la réforme du collège, à l'arrêt depuis la dissolution ? Mettrait-elle ses pas dans ceux de Gabriel Attal qui avait fait du "choc des savoirs" et des groupes de niveau sa priorité quand il dirigeait le ministère ? Plutôt floue lors de la passation de pouvoir, Anne Genetet a cependant promis que "le navire ne changerait pas de cap".

  • Geneviève Darrieusecq (Santé)

La nouvelle ministre de la Santé (Modem), allergologue de métier, devrait plancher sur la question de la santé mentale, érigée comme "grande cause nationale" par Michel Barnier. Remettra-t-elle sur le métier la loi sur la fin de vie, stoppée net par la dissolution ? 166 députés ont déjà demandé son retour au Parlement dans les prochains mois. La question est ouverte alors que le Premier ministre n'a encore jamais évoqué le sujet.

Quant à l'équation budgétaire de son ministère, confrontée à une crise des hôpitaux qui s'installe dans la durée, Géniève Darrieussecq a déjà prévenu: "je ne ferai pas de miracle, je ne suis pas une fée".

  • Astrid Panosyan-Bouvet (Travail)

Cette proche d'Emmanuel Macron, un temps militante socialiste, désormais ministre du Travail, a été accueillie avec chaleur par les syndicats. Spécialiste des questions d'emploi, sa feuille de route reste cependant très floue.

Reprendra-t-elle à son compte la réforme de l'assurance chômage portée par Gabriel Attal à laquelle elle était opposée ? Aura-t-elle la main pour "améliorer" la réforme des retraites comme l'a promis Michel Barnier ? Lors de la passation de pouvoir, Astrid Panosyan-Bouvet a expliqué vouloir "répondre aux anxiétés" que la loi a créé, appelant à rendre la réforme "plus soutenable".

  • Didier Migaud (Justice)

Figure respectée dans son ancien camp, l'ex socialiste qui a déjà croisé le fer à plusieurs reprises avec son collègue à l'Intérieur, Bruno Retailleau, va avoir pour première mission de conserver la trajectoire budgétaire de son ministère, en nette augmentation ces dernières années. Son prédécesseur Éric Dupond-Moretti lui a déjà fait savoir que ne pas le faire serait "une trahison".

Didier Migaud est également attendu sur le dossier de la construction de places de prison, chantier qui a très lentement avancé ces dernières années, dans un contexte de forte surpopulation carcérale.

Après le meurtre de l'étudiante Philippine et de l'arrestation d'un suspect marocain sous le coup d'une OQTF en Suisse, le nouveau garde des Sceaux a jugé "possible de faire évoluer l'arsenal juridique", ouvrant la porte à l'arrivée de ce dossier à l'Assemblée.

  • Bruno Retailleau (Intérieur)

Poids lourd du Sénat, le nouveau ministre de l'Intérieur, connu pour ses positions conservatrices, est l'une des rares personalités politiques à faire son entrée au gouvernement. Son arrivée a fortement crispé dans les rangs de la macronie qui vit ce tournant à droite que beaucoup jugent éloignés des résulats des législatives.

Bien décidé à marquer son empreinte place Beauvau, l'ancien président des sénateurs LR a déjà appelé à "revoir la politique pénale" et n'aura qu'une seule priorité : "l'ordre". Dans le cadre de l'affaire Philippine, Bruno Retailleau a appelé à ne plus se "contenter de déplorer ou de s'indigner" avant que les députés LR ne déposent une proposition de loi pour allonger la durée de rétention des "clandestins dangereux".

Article original publié sur BFMTV.com