Michel Barnier promet de répondre "aux défis" et "aux souffrances" pour son premier discours à Matignon

Un nouvel homme à Matignon. Michel Barnier a pris pour la première fois la parole en tant que chef de gouvernement lors de sa passation de pouvoir avec Gabriel Attal, ce jeudi 5 septembre sur le perron de l'hôtel de la rue de Varenne. Une allocution de quelques minutes qui lui a permis de fixer ses priorités et marquer sa différence de style avec son prédécesseur.

Nommé par Emmanuel Macron dans l'après-midi, le nouveau Premier ministre a confié "aborder cette nouvelle page" de sa vie politique "avec beaucoup d'humilité". Conscient d'être "dans un moment grave", il a déclaré vouloir répondre "aux défis, aux colères, aux souffrances, au sentiment d'abandon et d'injustice qui traversent beaucoup trop nos villes, nos quartiers et nos campagnes".

"L'école restera la priorité du gouvernement", a-t-il annoncé, évoquant également parmi ses objectifs "l'accès aux services publics", la "maîtrise de l'immigration" ou encore les "dettes financière et écologique".

"Davantage agir que parler"

Promettant "des changements et des ruptures", il a affiché sa volonté de "davantage agir que parler" pour "trouver partout les solutions qui marchent". "Je ferai tout pour être à la hauteur", a-t-il promis, en prônant une politique d'"apaisement".

Michel Barnier avait commencé sa prise de parole avec humour, demandant à Gabriel Attal s'il pouvait "dire quelques mots" après le long discours de son jeune prédécesseur.

"J’ai bien aimé la manière dont vous m’avez donné non pas des leçons, enfin, les enseignements, même si ça n’a duré que huit mois, que l’on apprend quand on est Premier ministre. Ça va m'être très très utile", a-t-il poursuivi avec une pointe d'ironie.

"J'ai trouvé mon bureau un peu vide", a-t-il encore ajouté. "J'ai compris qu'il y avait des tas de projets de loi en suspens, qui n'avaient pas pu être menés à bien. Mais vous me permettrez - bien sûr je vais les reprendre, il y en a plusieurs auxquels je tiens d'ailleurs - d'ajouter ma propre valeur ajoutée".

Comme Gabriel Attal, le nouveau Premier ministre a rendu sa "formidable" mère, une "femme chrétienne de gauche", qui a lui a donné, alors qu’il était jeune militant gaulliste, ce conseil: "Ne sois jamais sectaire, le sectarisme est une preuve de faiblesse. Quand on est sectaire, c’est qu’on n’est pas sûr de ses idées."

"Un gouvernement de rassemblement"

Emmanuel Macron a nommé l'ex-ministre et ancien commissaire européen de droite Michel Barnier, 73 ans, comme Premier ministre, 60 jours après le second tour des élections législatives qui ont débouché sur une Assemblée nationale dépourvue de majorité.

Le plus vieux Premier ministre de la Ve République succède ainsi à Matignon à Gabriel Attal, 35 ans, qui était lui le plus jeune, nommé il y a seulement huit mois et démissionnaire depuis 51 jours. Il va devoir tenter de former un gouvernement susceptible de survivre à une censure parlementaire, pour mettre fin à la plus grave crise politique depuis 1958.

Le président "l'a chargé de constituer un gouvernement de rassemblement au service du pays et des Français", a déclaré l'Élysée dans un communiqué. Emmanuel Macron "s'est assuré que le Premier ministre et le gouvernement à venir réuniraient les conditions pour être les plus stables possibles et se donner les chances de rassembler le plus largement", a ajouté la présidence.

Si les partis de gauche ont promis de voter la censure de Michel Barnier, le Rassemblement national et ses 126 députés attendent d'écouter le discours de politique générale du nouveau Premier ministre pour prendre une décision.

Article original publié sur BFMTV.com