Michel Barnier nouveau Premier ministre: un vieux routier de la politique à Matignon
Le choix d'Emmanuel Macron s'est arrêté. Le chef de l'État a finalement décidé de nommer le membre des Républicains Michel Barnier comme Premier ministre ce jeudi 5 septembre. Un choix qui intervient près de trois mois après la dissolution qu'il a lui-même provoquée, le 9 juin, et deux mois après le second tour des législatives qui a débouché sur une Assemblée nationale sans majorité ni coalition viable à ce jour.
Âgé de 73 ans et vieux routier de la politique française et européenne, Michel Barnier a été ministre pour la première fois en 1993, puis trois fois sous les présidences de Jacques Chirac et de Nicolas Sarkozy. Il a également été deux fois commissaire européen, et finalement entre 2016 et 2021 négociateur de la sortie du Royaume-Uni de l'UE, le Brexit. Michel Barnier a également eu des fonctions de député, de sénateur et de député européen.
Candidat à la primaire de LR en 2021
Il est brièvement réapparu en première ligne en 2021 en se portant candidat à la primaire de son parti, Les Républicains (LR), pour la présidentielle de 2022.
Son programme prévoyait notamment un "moratoire" sur l'immigration, une revalorisation des salaires des enseignants et une allocation sociale unique plafonnée. Michel Barnier souhaitait aussi une augmentation du nombre de places de prison et le rétablissement de peines planchers. Il était arrivé troisième au premier tour, avec 23,9% des voix.
Michel Barnier, qui a eu 73 ans en janvier, devient ce jeudi le Premier ministre le plus âgé de la Ve République. Le record d'âge à l'entrée à Matignon était jusqu'ici détenu par Pierre Bérégovoy (66 ans à son arrivée en 1992). Il succède à Gabriel Attal, qui était lui le Premier ministre le plus jeune de la Ve République - il avait 34 ans à sa nomination en janvier.
Un défenseur du "compromis"
Emmanuel Macron avait invoqué comme principal critère pour le poste de Premier ministre la capacité à ne pas être renversé d'emblée par une motion de censure. Le vice-président du Rassemblement national, Sébastien Chenu, a estimé ce jeudi sur RMC-BFMTV que Michel Barnier n'est "pas du tout" dans la ligne politique du RN, mais a assuré qu'il "attendait de l'écouter". Le député RN Jean-Philippe Tanguy avait quant à lui des mots plus durs pour Michel Barnier, jugeant qu'il s'agit d'un "fossile" de la vie politique.
En 2022, il appelait les forces politiques, et notamment les macronistes, à développer une "culture du compromis".
"De la culture de l’arrogance, de cette trop grande assurance pratiquée depuis cinq ans, il faut passer à une culture du compromis que je connais bien parce qu’elle correspond à celle des instances européennes", estimait Michel Barnier.
Interrogé sur une potentielle nomination à Matignon, il avait répondu à l'époque que "la question ne se pose pas". "On a bien vu que les débauchages n’apportaient rien à personne. Ce qui compte, c’est que notre famille politique soit l’âme et le levier d’une alternance de la droite et du centre, pas d’une alternance d’extrême droite", avait-il ajouté. Il va désormais devoir bâtir les compromis qu'il appellait de ses vœux.