Michel Barnier et la motion de censure : Marine Le Pen a déplacé sa ligne rouge en vingt-quatre heures

Marine Le Pen (ici le 1er octobre dernier) change sa ligne rouge en 24h sur la motion de censure
ALAIN JOCARD / AFP Marine Le Pen (ici le 1er octobre dernier) change sa ligne rouge en 24h sur la motion de censure

POLITIQUE - Le beurre, l’argent du beurre… et la peau de Barnier. Marine Le Pen et ses députés ont annoncé ce lundi 2 décembre qu’ils voteront une motion de censure déposée à l’Assemblée nationale après l’utilisation, par le Premier ministre, de l’article 49.3 de la Constitution pour faire adopter son budget de la Sécu sans vote. Sa dernière concession à l’attention de l’extrême droite n’aura donc pas suffi.

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« Nous prendrons nos responsabilités, nous voterons les motions de censure », a ainsi expliqué Marine Le Pen, la présidente du groupe RN à l’Assemblée vers 16 heures 30 devant les caméras au Palais Bourbon. Pourtant, quelques minutes plus tôt, le locataire de Matignon accédait encore à une revendication des lepénistes en renonçant à l’idée de moins rembourser certains médicaments.

Une nouvelle concession, parmi d’autres, qui aurait dû selon toutes vraisemblances, calmer la fronde de Marine Le Pen et ses ouailles. Du moins à en croire les propos tenus la veille par la députée du Pas-de-Calais. Ce dimanche dans les colonnes de La Tribune Dimanche, elle réclamait effectivement un geste sur une seule des deux dernières lignes rouges de son mouvement. La déclaration était on ne peut plus claire : « Si le gouvernement nous donne, d’une part, quitus sur la désindexation des pensions ou sur le non-déremboursement des médicaments ; d’autre part (...) s’il nous dit qu’il n’est pas d’accord avec notre manière de financer (ses premières concessions), cela ne me poserait aucun problème. »

Déficit de fiabilité

Autrement dit, à ce moment de la négociation, un deal semblait encore possible si le gouvernement lâchait du lest sur les pensions de retraite « ou » le remboursement des médicaments. Il n’en est rien ce lundi. Si Michel Barnier a fait le geste attendu sur le deuxième point, annonçant via un communiqué, qu’il renonçait à récupérer un milliard d’euros sur les médicaments, le bougé de Matignon sur cette base de négociation a finalement (et rétroactivement) été jugé insuffisant pour Marine Le Pen.

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Après un rendez-vous avec ses députés, la triple candidate à la présidentielle a effectivement exigé du Premier ministre qu’il lui réponde, en plus, sur l’indexation des pensions de retraite, avant même que celui-ci engage le 49.3 sur son texte. Le nouveau geste n’est pas venu, Marine Le Pen, pas malheureuse de reléguer au second plan ses déboires judiciaires, passe donc la seconde. De quoi rappeler au chef du gouvernement le manque de fiabilité de l’extrême droite, qu’il a pourtant choisi comme interlocuteur pour sauver sa peau ?

Interrogée à l’Assemblée nationale, la cheffe des députés RN a récusé tout procès en versatilité, expliquant au contraire que ses « lignes rouges » sont « connues depuis longtemps. » « Les choses étaient claires, Michel Barnier n’a pas souhaité répondre », a-t-elle assuré, indiquant au passage que sa demande sur les pensions de retraite (un coût de 3 milliards d’euros au moins) n’était pas « insupportable. » « Il était insupportable de la refuser », a-t-elle lâché.

Las, Michel Barnier semble fermer le ban. Dans son discours à l’Assemblée, pour actionner l’article 49.3 de la Constitution, il a laissé entendre qu’il n’irait pas plus loin dans les concessions. Comme s’il avait compris qu’il était impossible de contenter le Rassemblement national, gourmand de faire monter les enchères et de savourer sa place d’arbitre que lui a confié l’exécutif. Difficile, dans ces conditions, d’éviter la chute.

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