Michel Barnier juge la situation budgétaire « très grave » et déplore les « petites phrases »
POLITIQUE - Une mise au point dans un contexte tendu. Michel Barnier, chef d’un gouvernement qui reste à composer, a alerté ce mercredi 18 septembre sur la situation budgétaire « très grave » du pays, qui mérite toute son attention. Ce, alors que des poids lourds de l’ancien gouvernement font monter la pression sur l’actuel Premier ministre, autant sur la question de ses équipes que sur sa ligne.
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« La situation budgétaire du pays que je découvre est très grave. (...) Cette situation mérite mieux que des petites phrases. Elle exige de la responsabilité » a jugé Michel Barnier dans une déclaration transmise à la presse, dont Le HuffPost. Il précise avoir « demandé tous les éléments pour en apprécier l’exacte réalité ». Comme pour suggérer que le gouvernement sortant avait -a minima- une responsabilité dans l’état préoccupant des finances du pays.
Ce haussement de ton intervient alors que la veille, Gabriel Attal s’est montré réticent à une participation des députés de son groupe au gouvernement, après que l’idée d’une taxation des plus riches a été évoquée dans la presse pour augmenter les recettes. Le président du groupe Ensemble Pour la République (EPR) à l’Assemblée la conditionne désormais à une clarification de la « ligne politique », notamment sur le plan budgétaire. Gérald Darmanin, qui avait fait fuiter la piste auprès des parlementaires macronistes la veille, est sur la même ligne. Il est « hors de question » d’« entrer » dans un gouvernement que défend cette solution ou même de le « soutenir », a mis en garde Gérald Darmanin sur France 2 ce mercredi.
Réunion « reportée » avec les troupes d’Attal
En réaction, le Premier ministre pose un lapin au parti présidentiel. Une réunion prévue mercredi à 10 h 30 entre Michel Barnier et le groupe EPR pour discuter notamment de ce point, a été « reportée » selon l’entourage du Premier ministre. Aucune nouvelle date n’est prévue à ce stade. Dès mardi soir, l’entourage du Premier ministre avait tenté de calmer le jeu, assurant que toutes les options étaient sur la table pour améliorer l’état des comptes publics, sans que rien ne soit acté à ce stade. Ce qui n’a pas empêché Gérald Darmanin de montrer les dents ce mercredi.
« Mon objectif est de retrouver le chemin de la croissance et de faire progresser le niveau de vie des Français, alors que nous sommes déjà le pays où la charge des impôts est la plus forte », a fait valoir Michel Barnier. Le Premier ministre s’est dit « très concentré sur la constitution prochaine d’un gouvernement d’équilibre, pour traiter avec méthode et sérieux les défis que rencontre notre pays ». Entre les refus de moult personnalités de gauche d’intégrer son gouvernement, les Républicains gourmands qui revendiquent des ministères de poids et le respect de leur « pacte législatif », la situation budgétaire et les coups de pression de Renaissance (et de certains de ses alliés), la constitution du gouvernement Barnier prend des allures de mission impossible.
S’y ajoute le temps qui passe, avec le risque de ne pas réussir à présenter le projet de loi finances dans des délais acceptables. Une présentation le 9 octobre (au lieu du 1er) est désormais envisagée par Matignon, mais sans certitude de pouvoir tenir les délais : à trois semaines de l’échéance, il n’y a toujours aucun ministre de l’Économie et du Budget.
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