Michel Barnier déroge à ces deux traditions (et ça dit beaucoup du moment politique)

Michel Barnier, ici à Matignon le 30 septembre, ne sollicitera pas la confiance des députés.
GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP Michel Barnier, ici à Matignon le 30 septembre, ne sollicitera pas la confiance des députés.

POLITIQUE - Personne n’en doutait. L’entourage du Premier ministre a annoncé ce lundi 30 septembre que Michel Barnier ne se soumettrait pas à un vote de confiance des députés, devant lesquels il prononcera son discours de politique générale mardi. Il le sait : atteindre la majorité absolue était mission impossible. Nommé à Matignon dans des conditions rocambolesques, et face à une Assemblée morcelée, Michel Barnier avance tel un équilibriste. Ne froisser personne, ménager des intérêts parfois contraires et tenter, bon gré mal gré, de se frayer un chemin.

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Jusqu’au début du deuxième quinquennat d’Emmanuel Macron, le vote de confiance était un rite de passage (quasi) obligé. Chaque Premier ministre venait exposer ses priorités et fixer la feuille de route. Puis, au terme de cette déclaration de politique générale, engageait la responsabilité de son gouvernement. Édouard Philippe, Jean Castex, Manuel Valls et Jean-Marc Ayrault y ont eu recours en leur temps. Mais, comme Michel Barnier, confrontés à l’absence de majorité, Élisabeth Borne et Gabriel Attal s’y étaient déjà soustraits. Avant eux, le dernier locataire de Matignon à ne pas avoir sollicité la confiance était… Pierre Bérégovoy en 1992.

Le compte-rendu du Conseil des ministres déménage

La décision prise par Michel Barnier est révélatrice du moment politique : la coalition sur laquelle il s’appuie est plus que fragile, d’aucuns lui promettent une durée de vie politique très courte. Si la confiance était à l’évidence impossible à obtenir (d’autant que 17 députés devenus ministres ne pourront pas prendre part au vote), la censure n’est pour l’heure pas acquise non plus. Même si l’ancien macroniste et désormais non-inscrit Sacha Houlié a fait savoir qu’il pourrait joindre sa voix à la motion de censure déposée par la gauche dans les prochains jours, le Rassemblement national refuse de la voter.

Autre décision annoncée ce lundi par Matignon : le déménagement de la salle de compte-rendu du Conseil des ministres. Auparavant installée à l’Élysée, celle-ci va migrer vers Matignon. Un choix en apparence anodin qui illustre en fait une certaine distance entre le Premier ministre et le président, et un changement de braquet au sommet de l’État. Avec un gouvernement de « coalitation » (mix entre « coalition » et « cohabitation »), ou de « coexistence exigeante » selon les termes d’Emmanuel Macron, le pouvoir central n’est plus à l’Élysée. « Le compte-rendu du conseil des ministres est un moment important de la transparence de l’action du gouvernement, dans le dialogue et l’explication. Il est désormais organisé par les équipes de Matignon », a indiqué l’entourage du Premier ministre dans un communiqué, assumant ce « nouvel équilibre institutionnel ».

Maud Bregeon, la porte-parole du gouvernement, prendra désormais la parole chaque semaine au 20 avenue de Ségur, une annexe de Matignon. Une décision prise en commun accord avec le président de la République.

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