Michel Barnier au JT de TF1 et France 2 contredit Macron sur l’après-censure et pointe des hausses d’impôts

Le Premier ministre Michel Barnier, lors de son intervention au JT de TF1 et France 2 ce mardi 3 décembre, à la veille d’un vote crucial pour son avenir à Matignon.
Capture d’écran TF1 Le Premier ministre Michel Barnier, lors de son intervention au JT de TF1 et France 2 ce mardi 3 décembre, à la veille d’un vote crucial pour son avenir à Matignon.

POLITIQUE - Une fois n’est pas coutume, le Premier ministre a donné son interview au JT de TF1 et France 2 depuis Matignon ce mardi 3 décembre. Michel Barnier, qui devrait sauf surprise quitter dans les prochains jours « le bureau de Léon Blum », comme il l’a lui même qualifié, a notamment alerté sur les conséquences de l’adoption de la motion de censure à laquelle il fera face mercredi. Un discours bien plus alarmiste que celui d’Emmanuel Macron quelques heures plus tôt.

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« La situation est très difficile sur le plan économique, social, budgétaire, financier, très difficile. Je le sais depuis le début. (...) Ce dont je suis sûr, c’est que si la motion de censure passe, tout sera plus difficile et tout sera plus grave », a alerté le chef du gouvernement dont le projet de financement de la sécurité social (PLFSS) ne convainc pas les oppositions.

Le discours alarmiste de Michel Barnier tourne en boucle depuis plusieurs jours et l’inévitabilité du 49-3, finalement déclenché lundi pour faire passer cette première partie du budget 2025. Marine Le Pen elle-même alertait sur le risque de « shutdown » à l’américaine. Ce qui ne l’empêche pas de promettre qu’elle et ses troupes voteront la motion déposée par la gauche, estimant les concessions de Michel Barnier insuffisantes.

Taux d’intérêt et impôts

Depuis Ryad en Arabie saoudite, Emmanuel Macron avait pourtant calmé le jeu ce mardi. « Il ne faut pas faire peur aux gens avec ces choses-là, on a une économie forte », a répondu le président de la République. « La France est un pays riche, solide, qui a fait beaucoup de réformes et qui les tient, qui a des institutions stables, une Constitution stable », affirmait-il.

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Si le Premier ministre a déclaré sur TF1 et France 2 que le président « a raison de dire qu’il ne faut pas faire de catastrophisme », il a aussi rappelé que les marchés financiers n’étaient pas optimistes. « Je vois les spreads, les écarts de taux auxquels nous empruntons au nom de la France et que les Français vont payer. Nous sommes quasiment au-dessus de la Grèce, et ça s’écarte. (...) Il y aura de mesures d’urgence pendant quelques mois. Mais l’impact de cette instabilité politique se verra dans les taux d’intérêt », a alerté Michel Barnier.

Les Français pourraient aussi ressentir l’impact de cette crise au niveau des impôts, a-t-il insisté, affirmant que « 18 millions » de Français « verront leur impôt sur le revenu augmenter » si le budget 2025 n’est pas adopté.

Le Figaro expliquait effectivement l’impact sur le portefeuille des Français dans un article publié lundi. Si le budget 2025 n’est pas adopté dans les temps, il est toujours possible de passer par une « loi spéciale l’autorisant à continuer à percevoir les impôts existants », selon l’article 45 de la loi organique relative aux lois de finances (LOLF). Concrètement, cela signifie que le budget 2024 serait reconduit d’une année.

Mais cela veut aussi dire que le barème de l’impôt sur le revenu, qui devait être indexé sur une inflation à 2 % selon le texte proposé par le gouvernement de Michel Barnier, ne sera finalement pas revu. Les tranches d’impôt resteront les mêmes alors que les revenus vont augmenter. Résultat soulignent Le Figaro et Michel Barnier : près de 18 millions de ménages verront leurs impôts augmenter. Le ministre des Comptes publics Laurent Saint-Martin avait aussi indiqué fin novembre dans Le Parisien qu’environ 380 000 ménages deviendraient imposables.

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