Michel Barnier, attaqué par Gabriel Attal sur les impôts, ironise et "promet d'être attentif" à ses conseils

Tancé par son prédécesseur, le Premier ministre s'est voulu moqueur à l'issue de son discours de politique générale. Michel Barnier n'a pas apprécié les conseils de Gabriel Attal sur la gestion des finances publiques, particulièrement dégradées.

Une passe d'armes en règle. Après son discours de politique générale et après avoir écouté pendant près de trois heures les présidents de groupe, Michel Barnier a répondu point par point à leurs critiques, en visant notamment Gabriel Attal.

"Monsieur Attal, je serai très attentif à vos propositions d'économies supplémentaires pour faire face au déficit que j'ai trouvé en arrivant", lui a lancé le Premier ministre, sous les rires d'une partie de l'hémicycle.

Avant de lancer: "Il faut que vous vous habituez les uns les autres à dire ce que je pense."

Gabriel Attal, qui a déjà pris publiquement ses distances à plusieurs reprises avec le Premier ministre, a remis une pièce dans la machine quelques minutes après le discours à la tribune de Michel Barnier.

"Notre groupe est évidemment prêt à regarder certaines mesures (…) mais nous ne soutiendrons rien qui puisse se faire au prix de la croissance de notre pays ou du pouvoir d'achat des Français", a-t-il expliqué.

L'ex-locataire de Matignon a encore appelé Michel Barnier "à ne pas abîmer l'économie réelle de notre pays", appelant le nouveau gouvernement à faire "le choix des économies plutôt que le choix des impôts".

Le nouveau chef du gouvernement a joué la carte de la gravité pour son premier discours à l'Assemblée, expliquant que "notre dette" était "colossale". "Notre pays est au bord du précipice", a-t-il encore ajouté.

Depuis son arrivée rue de Varenne, Michel Barnier a multiplié les alertes en matière de finances publiques. Il a ainsi expliqué que la situation financière de la France était "beaucoup plus dégradée que cela avait été dit", une critique directe à Gabriel Attal, à la manœuvre ces derniers mois à Matignon et en charge du Budget de 2022 à 2023.

L'objectif du gouvernement est désormais de "ramener le déficit à 5% en 2025", très loin des prévisions de Bruno Le Maire, à la tête de Bercy pendant 7 ans, et qui s'était montré optimiste ces derniers mois pour le retour du déficit public sous les 3% en 20270.

Pour parvenir à sortir de l'ornière, Michel Barnier veut réduire en partie les dépenses publiques et mettre à "contribution les Français les plus fortunés".

Les deux hommes avaient déjà affiché leur distance lors de la passation de pouvoir le 5 septembre dernier. Après un discours de Gabriel Attal de près de 30 minutes qui lui avait rappelé plusieurs dossiers désormais "sur son bureau", Michel Barnier avait manié l'ironie.

"Je peux dire quelques mots, maintenant ?", avait-il lancé, tout en se moquant de son prédécesseur qui venait de "lui donner des enseignements".

"Le gouvernement n'aura pas la prétention de croire que la science infuse vient seulement de lui", avait-il encore tancé.

Article original publié sur BFMTV.com