Michèle Alliot-Marie condamnée à 6 mois de prison avec sursis pour prise illégale d’intérêts
JUSTICE - L’ancienne ministre Michèle Alliot-Marie a été condamnée ce vendredi 6 septembre par le tribunal correctionnel de Nanterre à six mois d’emprisonnement assortis intégralement du sursis pour prise illégale d’intérêts de 2010 à 2012, alors qu’elle était adjointe au maire de Saint-Jean-de-Luz.
Michèle Alliot-Marie mise en examen pour «prise illégale d’intérêt»
Les avocats de l’ancienne ministre de la Défense, de l’Intérieur, de la Justice et des Affaires étrangères sous Jacques Chirac puis Nicolas Sarkozy ont immédiatement annoncé qu’ils allaient faire appel de cette décision.
Initiallement, le parquet avait requis deux ans d’emprisonnement avec sursis contre Michèle Alliot-Marie. Il avait également requis une amende de 50 000 euros et une inéligibilité pendant trois ans contre elle. Des réquisitions jugées « excessives » par les conseils de la prévenue
Mes Christophe Ingrain et Rémi Lorrain avaient d’ailleurs concentré leurs plaidoiries sur les manquements, selon eux, de l’instruction. Les éléments retenus à charge ne sont que « des ficelles qui n’ont qu’un objet, salir l’image de la ministre et de sa famille et masquer la faiblesse de ce dossier », avait notamment tancé Me Christophe Ingrain. « On est aux antipodes de la jurisprudence pour la prise illégale d’intérêts », s’était par ailleurs scandalisé Me Remi Lorrain, pour qui il « manque tous les éléments » caractérisant ce délit imputé à l’ancienne figure de la droite, aujourd’hui âgée de 77 ans.
Un délit « contraire à toutes mes positions »
La suspicion de prise illégale d’intérêts au cœur de cette affaire repose sur « le fait d’avoir pu voter des subventions (municipales) dont certaines étaient susceptibles d’être ensuite répercutées vers l’Association pour l’organisation des festivals (AOF) », présidée par le père de Michèle Alliot-Marie, Bernard Marie, avait ainsi résumé la présidente.
À l’époque, elle participait aux votes des subventions municipales en tant qu’adjointe au maire. Mais ce qui était plus précisément dans le viseur de la justice, c’est la subvention destinée à l’Office de tourisme, qui payait par le biais d’une convention reconduite année après année l’AOF sous forme de prestations pour l’organisation d’un festival de cinéma.
Selon des éléments recueillis par les enquêteurs, cette association aurait perçu sur son compte bancaire, entre janvier 2010 et octobre 2012, plus de 260 000 euros provenant notamment de l’Office de tourisme.
Pour l’accusation, Michèle Alliot-Marie a « failli » en tant qu’élue à « servir l’intérêt général avant ses propres intérêts ». L’ex-ministre s’était pourtant défendue de tout délit : il existait selon elle une « confusion » dans l’esprit de l’accusation, le budget voté « allait à l’Office de tourisme, qui décide librement de ses prestataires » dont elle n’avait pas connaissance à l’avance, avait-elle assuré à la barre.
« Je réitère le fait que je n’ai pas commis de prise illégale d’intérêts, (un délit) contraire à toutes mes positions pendant toutes ces années », avait fini par déclarer Michèle Alliot-Marie à la toute fin de l’audience.
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