Le vol MH-17 a été abattu par l'armée russe, selon les enquêteurs

BUNNIK, Pays-Bas (Reuters) - Le missile utilisé pour abattre le vol MH-17 de la compagnie Malaysia Airlines en juillet 2014 au-dessus de l'est de l'Ukraine appartenait aux forces armées russes, ont annoncé jeudi les procureurs qui enquêtent sur la destruction de l'appareil.

Le missile incriminé dépendait de la 53e brigade antiaérienne de l'armée russe, a précisé Wilbert Paulissen, chef de la brigade criminelle de la police néerlandaise.

"Tous les véhicules du convoi transportant le missile faisaient partie des forces russes", a-t-il dit lors d'une conférence de presse retransmise à la télévision.

Le Premier ministre néerlandais Mark Rutte a écourté un voyage en Inde pour pouvoir participer vendredi à un conseil des ministres consacré à la question, a rapporté jeudi l'agence de presse néerlandaise ANP.

Aucun des 283 passagers et des 15 membres d'équipage n'a survécu à la destruction en vol de l'appareil alors qu'il survolait la région de Donetsk (est de l'Ukraine) le 17 juillet 2014.

La Russie, qui soutient les rebelles séparatistes de l'est de l'Ukraine, a démenti tout rôle dans cette affaire.

Dans un communiqué diffusé par l'agence Tass, l'armée russe a démenti qu'un quelconque missile russe ait jamais franchi la frontière ukrainienne.

Le ministère russe des Affaires étrangères a déclaré quant à lui que les conclusions des enquêteurs s'appuyaient sur de fausses données présentées par des blogueurs et que les informations de Moscou concernant l'affaire avaient été pour une grande part ignorées.

"C'est un exemple d'accusations sans fondement visant à discréditer notre pays aux yeux de la communauté internationale", a dit le ministère dans un communiqué.

PAR CONTUMACE

Les procureurs ont montré des photos et des vidéos d'un convoi de camions transportant le système alors qu'il traversait la frontière entre la Russie et l'Ukraine. Il a traversé en sens inverse quelques jours plus tard avec un missile en moins. Les véhicules avaient des numéros de série et d'autres marques propres à la 53e brigade, basée dans la ville de Koursk, dans l'ouest de la Russie, ont-ils dit.

"Nous avons rassemblé un grand nombre de preuves et d'indices, mais nous n'avons pas bouclé l'enquête", a déclaré le procureur néerlandais Fred Westerbeke. "Il nous reste beaucoup de travail à effectuer."

Le procureur a indiqué que les enquêteurs avaient réduit à "quelques dizaines", et non plus 100, le nombre de personnes suspectées d'être impliquées dans cette affaire. Mais il a précisé que ses services n'étaient pas encore en mesure de nommer publiquement les suspects ni d'annoncer à ce stade des inculpations.

Fred Westerbeke a lancé un appel à témoins, dont les civils présents dans la zone, pour identifier les militaires qui ont tiré le missile et déterminer leur chaîne de commandement afin d'établir toutes les responsabilités.

L'enquête est menée par des policiers originaires des Pays-Bas, de Belgique, d'Ukraine, de Malaisie et d'Australie. Ces deux derniers pays, qui ont payé le tribut humain le plus lourd, espéraient à l'origine que les noms des suspects pourraient être rendus publics avant la fin de l'année dernière.

Lorsqu'ils auront été identifiés, les suspects seront sans doute jugés par contumace aux Pays-Bas, la Russie ayant opposé son veto à un projet de résolution du Conseil de sécurité des Nations unies proposant la création d'un tribunal international ad hoc.

(Anthony Deutsch; Eric Faye, Tangi Salaün, Pierre Sérisier et Danielle Rouquié pour le service français)