Meurtre de Philippine: le ministre de la Justice reconnaît "un sentiment d'échec"
Une prise de parole attendue après les propos de Bruno Retailleau. Didier Migaud est longuement revenu ce matin sur le meurtre de Philippine, cette jeune femme retrouvée morte dans le bois de Boulogne, et l'arrestation d'un suspect marocain en Suisse.
"Pour moi, c'est évidemment un sentiment d'échec, c'est une évidence", a reconnu le garde des Sceaux, seule prise de gauche du nouveau gouvernement de Michel Barnier ce vendredi sur France inter.
"Une tragédie"
"Vous savez que le garde des Sceaux ne peut pas intervenir dans le cadre d'une procédure individuelle. Ça ne m'empêche pas de ressentir aussi fortement que les citoyens l'émotion devant une telle situation. C'est une tragédie", a encore jugé l'ancien président de la Cour des comptes, expliquant que l'une de ses filles avait "le même âge" que la victime.
Le corps de Philippine, âgée de 19 ans et étudiante à l'université de Paris-Dauphine, a été retrouvé enterré dans le bois de Boulogne, dans l'Ouest parisien, lors d'une battue samedi après-midi.
Un Marocain de 22 ans, condamné par le passé pour viol et sous le coup d'une obligation de quitter le territoire (OQTF), a été interpellé mardi en Suisse. Une information judiciaire pour viol et homicide a été ouverte par le parquet de Paris.
Mise sous pression pour la droite et le RN
La droite et le Rassemblement national jugent que le suspect n'aurait pas dû être libéré avant l'obtention du laissez-passer permettant son expulsion vers le Maroc. Jordan Bardella a expliqué sur France 2 ce jeudi soir vouloir systématiser "la double peine" pour les étrangers ayant commis un crime. Le dispositif consiste à renvoyer dans son pays d'origine la personne condamnée une fois sa peine purgée.
Les députés LR ont de leur côté annoncé avoir déposé une proposition de loi pour allonger la durée de rétention des "étrangers clandestins dangereux". Bruno Retailleau, le ministre de l'Intérieur, issu des rangs LR, a quant à lui appeler à ne plus "se contenter de déplorer ou de s'indigner".
"Il faut faire évoluer notre arsenal juridique", a encore exhorté le locataire de la lac Beauvau appelant à "changer les règles".
"L'émotion est telle qu'elle submerge tous les discours objectifs"
"À partir d'un constat objectif, oui, il peut être possible de faire évoluer l'arsenal juridique", a acquiescé son collègue de la Justice, avec qui les relations ont été tendues depuis leur arrivée au gouvernement.
"Je dois travailler avec le ministre de l'Intérieur : c'est ce que nous efforçons de faire, d'ailleurs, depuis quelques jours pour faire face à cette situation. Mais je comprends que l'émotion est telle qu'elle submerge tous les discours objectifs", a encore avancé le garde des Sceaux.
Soucieux d'éviter les couacs entre ses ministres, Michel Barnier a organisé un petit-déjeuner avec Bruno Retailleau et Didier Migaud pour "trouver des lignes communes" avant d'éventuelles annonces sur la Justice mardi lors de son discours de politique générale.