Le meurtre d'un écolier japonais en Chine suscite de vives réactions à Tokyo

Le Premier ministre japonais Fumio Kishida lors d'une conférence de presse à Tokyo le 14 août 2024 (Philip FONG)
Le Premier ministre japonais Fumio Kishida lors d'une conférence de presse à Tokyo le 14 août 2024 (Philip FONG)

Le Premier ministre du Japon Fumio Kishida a exigé jeudi une "explication" de la Chine après le meurtre dans le sud du pays d'un enfant japonais qui a suscité de vives réactions à Tokyo, Pékin évoquant pour sa part un "cas isolé".

L'enfant de 10 ans est décédé jeudi à l'hôpital après avoir été poignardé la veille, sur le chemin de son école à Shenzhen (sud), par un homme de 44 ans qui a été arrêté, selon la police locale.

"Nous demandons instamment à la Chine de fournir une explication sur les faits", a déclaré M. Kishida à la presse. "Nous demanderons fermement à la Chine d'assurer la sécurité des citoyens japonais et d'empêcher que cela ne se reproduise", a-t-il ajouté.

Pékin a exprimé sa "tristesse" face à ce crime dont les motivations restent inconnues, mais a évoqué "un cas isolé" qui aurait pu se produire n'importe où.

"La Chine exprime sa peine et sa tristesse face à cet événement malheureux. Nous pleurons la mort de ce petit garçon et présentons nos condoléances à sa famille", a déclaré Lin Jian, un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, lors d'une conférence de presse régulière.

"Le garçon est de nationalité japonaise. L'un de ses parents est un citoyen japonais, l'autre un citoyen chinois", a précisé ce porte-parole.

"Au vu des éléments actuellement en notre possession, il s'agit d'un cas isolé. Des cas similaires peuvent se produire dans n'importe quel pays", a-t-il ajouté. "La Chine a toujours pris et continuera de prendre des mesures efficaces pour assurer la sécurité de tous les citoyens étrangers".

Dans la nuit de mercredi, avant le décès du garçon, le vice-ministre japonais des Affaires étrangères, Masataka Okano, avait convoqué l'ambassadeur de Chine au Japon, Wu Jianghao, pour lui faire part de ses "graves inquiétudes".

M. Okano y a "demandé instamment que la sécurité soit renforcée, notamment autour des écoles japonaises dans toute la Chine", selon le ministère japonais des affaires étrangères.

- "Jour de l'humiliation" -

Les attaques physiques contre des citoyens étrangers de la part de Chinois sont rares en Chine, où les rues sont globalement sûres et la surveillance omniprésente.

Mais en juin dernier, une mère japonaise et son enfant avaient été blessés lors d'une autre agression au couteau, près de Shanghai, et une Chinoise de 55 ans avait été tuée en tentant de s'interposer. Pékin avait également qualifié cette attaque d'"incident isolé".

Le gouvernement japonais s'est abstenu d'attribuer ouvertement une quelconque motivation xénophobe au meurtre de l'enfant.

Les médias japonais ont pour leur part fait remarquer que mercredi marquait le 93e anniversaire de l'"Incident de Moukden", un attentat contre une voie ferrée commis par les Japonais qui avait servir de prétexte à Tokyo pour envahir la Mandchourie en 1931, et qui fut un prélude à la longue guerre sino-japonaise.

Le 18 septembre est appelé "Jour de l'humiliation" en République populaire de Chine et a été marqué mercredi par le déclenchement de sirènes d'alerte aérienne dans plusieurs villes du pays, ont rapporté les médias d'Etat. Le ministère chinois des Affaires étrangères s'est refusé à tout commentaire sur un éventuel lien entre le meurtre et cet anniversaire.

"Nous pensons que des cas individuels n'auront pas de répercussions sur les échanges et la coopération entre la Chine et le Japon", a estimé le porte-parole de la diplomatie chinoise.

Les relations entre la Chine et le Japon connaissent régulièrement des périodes de tension, alimentées par des ambitions géopolitiques rivales, des querelles territoriales en mer de Chine orientale et de vives rancoeurs historiques.

L'année dernière, des briques et des oeufs avaient été lancés contre des écoles et consulats japonais dans plusieurs villes de Chine, après le début du rejet dans l'océan Pacifique d'eau traitée du site nucléaire accidenté de Fukushima. Des entreprises au Japon avaient été également inondées d'appels téléphoniques malveillants provenant de Chine.

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