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Meurtre du demi-frère de Kim Jong-un: le procès peut continuer

Le procès des deux femmes accusées du meurtre du demi-frère du dirigeant nord-coréen Kim Jong-un se poursuivra. L'Indonésienne Siti Aisyah (photo) et la Vietnamienne Doan Thi Huong, toutes deux âgées d'une vingtaine d'années, encourent la peine de mort. /Photo prise le 16 août 2018/REUTERS/Lai Seng Sin

KUALA LUMPUR (Reuters) - Le procès des deux femmes accusées du meurtre du demi-frère du dirigeant nord-coréen Kim Jong-un se poursuivra avec la présentation de leurs arguments de défense, a statué jeudi la justice malaisienne.

La phase d'accusation dans le procès de la mort de Kim Jong-nam, qui vivait en exil, a pris fin en juin à l'issue de l'audition de 34 témoins.

L'Indonésienne Siti Aisyah et la Vietnamienne Doan Thi Huong, toutes deux âgées d'une vingtaine d'années, encourent la peine de mort. Elles sont accusées d'avoir projeté sur le visage de Kim Jong-nam du VX, un agent neurotoxique, le 13 février 2017 à l'aéroport de Kuala Lumpur, la capitale malaisienne.

Elles comparaîtront entre novembre et février prochain.

Le juge Azmi Ariffin a fait droit jeudi aux arguments de l'accusation selon lesquels les deux femmes avaient bien eu l'intention, avec, avec quatre personnes toujours en fuite, de causer la mort de Kim Jong-nam, et leur a ordonné de présenter leur défense.

Le magistrat a souligné qu'en l'état du dossier, les preuves étaient insuffisantes pour plaider l'assassinat politique.

Le demi-frère de Kim Jong-un, qui avait critiqué le régime nord-coréen, vivait en exil.

Les deux accusées ont plaidé non coupable. Elles ont dit qu'elles pensaient participer à un canular pour une émission de télé-réalité.

EN PLEURS

Le juge a déclaré qu'il n'était pas convaincu par cet argument car il n'y a pas eu d'équipe de tournage cachée et de tentative de faire participer la cible à la mise en scène, comme c'est le cas dans ce genre d'émission.

"Le seul but d'un canular est l'amusement, sans intention de causer aucun type de préjudice (...), l'utilisation du mot suggère que l'acte doit faire rire tout le monde, même la cible", a déclaré le juge Azmi.

Après sa décision, l'accusée Siti Aisyah, en pleurs, a été réconfortée par ses avocats et des fonctionnaires de l'ambassade indonésienne. Doan Thi Huong n'a pas réagi.

Au Vietnam, le père de l'accusée a déclaré : "Je ne sais pas quoi faire ensuite. J'espère juste qu'ils vont la déclarer innocente pour qu'elle puisse rentrer chez elle."

Selon les avocats de la défense, le meurtre de Kim Jong-nam est politique. Selon eux, il faut regarder du côté de l'ambassade de Corée du Nord en Malaisie. Les deux femmes auraient été instrumentalisées.

Selon des experts qui ont témoigné au procès, des traces de VX ont été trouvées sur les vêtements des deux femmes. Les enregistrements vidéo diffusés lors du procès les montrent en présence de deux des fugitifs recherchés à l'aéroport de Kuala Lumpur avant l'attaque. Ils montrent également Doan Thi Huong semblant en train de barbouiller le visage de Kim Jong-nam de quelque chose.

(Rozanna Latiff et Joseph Sipalan avec Khanh Vu à HANOI; Danielle Rouquié pour le service français)