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Avec #MeTooLesbien, ces femmes dénoncent les violences entre femmes

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Artit Oubkaew / EyeEm / Getty Images/EyeEm

VIOLENCES SEXUELLES - Sur Twitter, les témoignages affluent. Agressions sexuelles, chantage au suicide, manipulation… Elles sont des centaines à prendre la parole sur les violences qu’elles ont subies dans une relation lesbienne. Cinq ans après #MeToo, le mouvement trouve son équivalent chez les femmes qui ont des relations sexuelles ou sentimentales avec d’autres femmes avec le hashtag #MeTooLesbien. À l’origine du mouvement, le compte Twitter éponyme @MetooLesbien - aussi présent sur Instagram, créé à la fin du mois de septembre et « dédié aux témoignages et à la prévention des violences conjugales au sein des couples lesbiens. »

Le 23 octobre dernier, il propose aux victimes de témoigner anonymement via un formulaire sur son site - témoignages qui sont ensuite publiés sur Instagram - ou tout simplement de s’exprimer sur Twitter, avec le hashtag éponyme. Son souhait ? « Briser le silence sur le harcèlement, et les violences sexistes et sexuelles dans nos sphères militantes et queers, mais aussi plus généralement les violences commises par des femmes sur d’autres femmes. » La mécanique est enclenchée. Depuis le 23 octobre, 2 369 tweets ont été recensés, selon les données fournies au HuffPost par Visibrain, une plateforme de veille médiatique.

Au fil des Tweets, ces femmes décrivent des violences psychologiques, des humiliations publiques et du chantage au suicide, mais aussi des violences physiques et sexuelles comme des coups jusqu’au sang, des séquestrations, des agressions et des viols. Le consentement est ignoré, les violences trop souvent tues.

Les récits sont glaçants : « Elle m’a forcé à faire mon coming out, isolée, rabaissée, insultée, frappée, violer et séquestrée », se confie par exemple une internaute.

Des témoignages qui affluent depuis le 23 octobre

Sur Instagram, les témoignages sont plus longs, plus détaillés. Eux aussi sont alarmants. « J’avais 15/16 ans elle en avait 20. Elle m’a fait croire qu’elle était la seule à m’aimer et à pouvoir me sauver. Elle a insisté pour que je lui fasse du bien la première fois qu’on s’est vues seules chez moi, puis à me faire la morale et à me dire que je ne l’aimais pas parce que je ne voulais pas tester de nouvelles pratiques (j’étais vierge), même en lui disant que je n’étais pas prête. »

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Des récits comme celui-ci, @MetooLesbien en publie depuis un mois sur son compte Instagram. Mais le rythme s’est accéléré depuis l’appel à témoignage. Ce mouvement de libération de la parole fait écho au #MeTooGay, apparu en janvier 2021. Ils ont tout les deux mis du temps à émerger. Dans un article du HuffPost, des sociologues donnaient les raisons du retard du #MeTooGay par rapport aux autres mouvements.

Angle mort des violences conjugales

Pour Sébastien Chauvin, sociologue et auteur de Sociologie de l’homosexualité, le mouvement MeToo « a problématisé la question du consentement comme celle d’une injonction à un homme envers une femme. » Le journaliste Matthieu Foucher, dans un article pour Vice, ajoutait la honte, la crainte de stigmatiser une communauté qui l’est - trop souvent - déjà et la difficulté de construire son identité en tant que gay après avoir subi de telles violences.

De même, et c’est un véritable angle mort, il est souvent difficile de parler des violences conjugales au sein d’un couple homosexuel pour les victimes, selon un article de 20 Minutes. « Le discours médiatique ne parle que de violences des hommes sur les femmes, donc certaines victimes de couples homosexuels ne se reconnaissent pas dans cette définition, elles ne se sentent pas légitimes et ne se considèrent pas comme victimes », explique Johan Cavirot, le président de l’association LGBT+ FLAG ! Pourtant, MetooLesbien rappelle l’évidence sur son site : « Violences faites aux femmes par des femmes. Oui, ça existe. »

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