#Metoo a-t-il changé les choses? Un quart des Français dit avoir modifié sa façon de séduire depuis le mouvement
Selon un sondage Ifop pour le magazine Elle, 80% des Français se disent plus attentifs au consentement depuis #Metoo. 71% des femmes affirment exprimer plus clairement leurs désirs et leurs limites en matière de séduction et/ou de sexualité.
Sept ans après le début du mouvement #Metoo, certaines pratiques ont évolué. Selon un sondage mené par l'institut Ifop pour le magazine Elle dévoilé ce mercredi 28 août, depuis 2017 et le mouvement de témoignages de femmes sur les violences sexistes et sexuelles qu'elles subissent ou ont subies, de nombreux Français ont intégré de nouveaux réflexes dans leur approche de la séduction.
Plus d'un quart (26%) des Français interrogés par l'Ifop affirment avoir changé leur façon de séduire depuis #Metoo. C'est particulièrement le cas des hommes (35%, contre 18% des femmes) et des cadres et professions intellectuelles supérieures (36%).
"Nous observons une tendance continue vers une plus grande égalité dans les initiatives de séduction, une importance accrue accordée au consentement explicite, et une remise en question naissante des pratiques traditionnelles de galanterie", explique Fiona Morvillier, chargée d’études au pôle "Genre, sexualités et santé sexuelle" de l’Ifop, dans un communiqué de l'institut.
Des femmes plus à l'aise avec l'expression du refus
Par exemple, 80% des personnes interrogées se disent plus attentives à la réceptivité et au consentement de la personne qu'elles souhaitent séduire depuis le début du mouvement #Metoo.
Les hommes ont particulièrement le sentiment d'avoir fait évoluer leur approche. 65% d'entre eux estiment réfléchir davantage à la manière dont ils vont aborder une personne qui leur plaît et 48% s'inquiètent souvent de faire une remarque ou d’avoir un comportement sexiste.
De leur côté, 74% des femmes affirment se sentir plus à l'aise d'exprimer un refus ou un désaccord dans les rapports de séduction et 71% expriment plus clairement leurs désirs et leurs limites en matière de séduction et/ou de sexualité.
Divergences sur la question du consentement explicite
Alors que le consentement est une notion qui revient régulièrement dans le débat public depuis 2017, 78% des Français pensent aujourd'hui qu'il doit être explicite et formulé très clairement dans un rapport de séduction. Le code pénal français définit aujourd'hui le viol et les agressions sexuelles comme des actes commis avec "violence, contrainte, menace ou surprise". Emmanuel Macron s'est dit favorable en mars à l'inscription dans le droit français de la notion d'absence de consentement en matière de viol.
La manière dont ce consentement doit être signifié n'est pas admise de la même façon selon les catégories de population, selon le sondage Ifop. Les personnes âgées et les hommes sont plus nombreux que les autres catégories à penser qu'il doit rester implicite. 27% des plus de 65 ans et 29% des hommes pensent que le consentement doit rester implicite, contre 19% des moins de 35 ans et 16% des femmes.
D'ailleurs, le baromètre du Haut Conseil à l'égalité entre les femmes et les hommes (HCE), publié en janvier 2024 soulignait "un manque de prise de conscience notable de la part des hommes" à ce niveau.
Dans un sondage Viavoice réalisé pour cette instance consultative placée auprès du Premier ministre, 37 % des femmes déclarent avoir déjà vécu au moins une situation de non-consentement dans le cadre d'un rapport sexuel (un rapport non protégé, un rapport dont elles n'avaient pas envie...), alors que seulement 23 % des hommes reconnaissent avoir été l’auteur d’au moins une situation de non-consentement.
"Ces évolutions se cantonnent encore trop à certaines tranches de la population: les femmes, en particulier les plus jeunes et celles se déclarant féministes et faisant partie des catégories socioculturelles et professionnelles plus élevées, semblent être à l’avant-garde de ces changements, portant un nouvel idéal de séduction plus égalitaires", souligne la chargée d'études de l'Ifop Fiona Morvillier.