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Un dernier Conseil des ministres puis un nouveau chef du gouvernement: Emmanuel Macron a promis de nommer d'ici à jeudi, et potentiellement dès ce mercredi, le successeur de Michel Barnier à Matignon, qui pourrait être son allié historique François Bayrou et sera chargé de négocier a minima un accord pour éviter la censure.Au lendemain d'une réunion inédite des chefs de parti hors LFI et RN autour du président de la République, Michel Barnier et son gouvernement se retrouvent mercredi matin une dernière fois à l'Elysée, fait rarissime pour une équipe démissionnaire.Au menu de ce Conseil des ministres: un projet de "loi spéciale" pour assurer la continuité de l'Etat à compter de janvier dans l'attente qu'un budget soit adopté pour 2025.Après ce Conseil des ministres, la voie sera libre pour désigner un nouveau Premier ministre.- accord de non-censure ? -Mardi, devant les chefs des communistes, des socialistes, des écologistes, du camp présidentiel et du parti Les Républicains, M. Macron a promis de le nommer "dans les 48 heures". Plusieurs proches tablent sur un choix dès mercredi soir.Charge au nouveau locataire de Matignon de négocier avec ces partis une participation au gouvernement, ou leur soutien à certains textes dont le budget, ou encore, a minima, un accord de "non-censure". Ensuite seulement, il composera son équipe.Durant deux heures et demie mardi, à huis clos, chacun a avancé ses pions, affiné ses lignes rouges et esquissé ses concessions.M. Macron a souligné "sa volonté de ne pas dissoudre" l'Assemblée nationale à nouveau d'ici à 2027, selon son entourage. Il a aussi relevé "une unanimité des forces politiques pour ne plus dépendre du Rassemblement national".La gauche a proposé, si l'un des siens était nommé à Matignon, de ne pas utiliser le 49.3 pour faire adopter des lois sans vote si, en échange, les opposants s'engagent à ne pas censurer."Un engagement ahurissant, un contournement de la Constitution", a réagi Marine Le Pen (RN), "pas mécontente" d'être mise à l'écart après une censure dont les Français ne semblent pas lui tenir rigueur si on en croit un sondage Ifop/Fudicial qui lui donne plus de 35% des intentions de vote au premier tour de la présidentielle.- Faure ne veut pas de Bayrou -Mais tous ces responsables suspendent leur décision au nom du nouveau Premier ministre.Le plus optimiste mardi soir était François Bayrou, qui a salué une réunion "positive de manière inespérée" pouvant aboutir à un "accord de coopération démocratique".Son engouement est-il un hasard? Le président du MoDem semblait conserver sa place parmi les favoris pour Matignon. Mais pour le socialiste Olivier Faure, le nouveau Premier ministre "ne peut pas être François Bayrou" qui incarnerait une "continuité" du macronisme.Le socialiste est cependant resté évasif sur l'attitude de son parti si M. Macron nommait malgré tout le centriste."Il faudra que nous ayons ensuite une discussion avec celui ou celle qui sera nommé à Matignon", a-t-il dit car, "quelle que soit la situation", il faut que "nous puissions arracher des victoires pour les Français".De quoi alimenter le procès en trahison des socialistes déjà lancé par Jean-Luc Mélenchon."Pas d'accord de coalition! Pas de +non-censure+. Revenez à la raison et à la maison!", a lancé le leader des Insoumis mardi soir. "Plus Jean-Luc Mélenchon crie, moins on l'entend", a répondu Olivier Faure, accusant LFI d'"affaiblir le collectif" par sa "politique de la chaise vide".Si ce n'est pas François Bayrou, les noms des ministres démissionnaires Catherine Vautrin et Sébastien Lecornu circulent aussi dans le camp présidentiel. L'ex-ministre venu du PS Jean-Yves Le Drian a décliné, mais certains espéraient encore le convaincre. A droite, le maire de Troyes François Baroin est cité.Fumée blanche mercredi soir? Car M. Macron se rend jeudi en Pologne, ce qui limite la fenêtre de tir.- une loi spéciale consensuelle -Le nouveau Premier ministre aura pour première tâche de reprendre la difficile rédaction d'un budget pour 2025, laissé en suspens après l'adoption de la censure.La "loi spéciale", présentée en conseil des ministres, n'est en effet composée que de trois articles pour principalement autoriser le gouvernement à lever les impôts et dépenser les crédits sur la base du budget 2024.Son adoption ne fait guère de doute après son examen lundi à l'Assemblée nationale, puis le 18 décembre au Sénat. La gauche entend toutefois l'amender pour s'assurer que le barème de l'impôt sur le revenu soit bien indexé sur l'inflation, afin d'éviter qu'un grand nombre de Français voient leur pression fiscale monter.Mais le Conseil d'Etat a estimé mardi que cette disposition n'avait pas sa place dans une loi spéciale mais devrait figurer dans le projet de budget 2025. fff-far/hr/tes