#MeToo hôpital: le président du Conseil de l'ordre des médecins "effrayé" par l'ampleur des violences
La parole se libère. Après les actrices et les sportives, de plus en plus de femmes médecins dénoncent les violences sexistes et sexuelles dont elles ont été victimes. Selon une enquête de l’association "Donner des Elles à la santé", 78% des femmes médecins disent avoir été victimes de comportements sexistes, 30% d’entre elles déclarent avoir subi aussi des gestes inappropriés à connotation sexuelle.
"Ces chiffres m'effraient mais ils sont vrais", réagit dans les colonnes de Ouest-France François Arnault, président du Conseil national de l’Ordre des médecins. Auprès du quotidien régional, il reconnaît un "climat d'omerta" qui existe, de manière "indiscutable".
"L’omerta est un phénomène collectif qui se produit dans tous les milieux. Mais la parole se libère et c'est vraiment très important", explique-t-il.
"Sincèrement, il faut que ça s'arrête"
"Exercer la médecine et manquer à la probité et à la moralité, ce n'est pas compatible", lance François Arnault, qui reconnaît un nombre "insuffisant" de sanctions. "Nous ne faisons pas tout bien. Dans le contexte général de prise de conscience, l’Ordre a un rôle essentiel à jouer pour moraliser et normaliser la profession médicale", dit-il.
Le président du Conseil de l'ordre des médecins met en garde les étudiants "qui pouvaient, au cours de leurs études, commettre des actes susceptibles d’être poursuivis devant la justice, voire même devant des Cours d’assises pour des faits criminels". "Désormais, nous affirmons clairement que les étudiants qui, au cours de leurs études seraient sanctionnés pénalement pour des crimes jugés définitivement, ne pourront pas exercer la médecine selon la volonté de l'Ordre", prévient François Arnault.
Interrogé sur l'ambiance et la "culture carabine" dans les facultés de médecine, le président du Conseil de l'ordre affirme que les pratiques "pénalisantes et humiliantes, notamment pour les femmes pendant leurs études (...) ne sont pas acceptables".
"Cela nuit à certaines futures consœurs et aux confrères qui sont maltraités par ces coutumes. Sincèrement, il faut que ça s'arrête", plaide-t-il, tout en soulignant que cela "ne dépend pas des missions de l'ordre": "c'est aux directeurs d’établissements et aux universitaires de prendre leur responsabilité".
Enfin, François Arnault annonce que le Conseil de l'ordre va lancer une enquête "auprès des médecins, concernant les violences sexuelles et sexistes ainsi que sur les violences tout court dans la profession". Menés à partir du mois de juin, les résultats seront dévoilés en octobre.