Publicité

Le message de Riss de « Charlie Hebdo » après l’attaque de Salman Rushdie

La rédaction de « Charlie Hebdo », décimée par un attentat islamiste en 2015 après avoir publié des caricatures du prophète Mahomet, écrit « son respect » pour Salman Rushdie poignardé ce 12 août aux États-Unis.

SALMAN RUSHDIE - Auteur des « Versets sataniques » en 1988 et cible d’une fatwa lancée par le régime iranien, l’écrivain britannique Salman Rushdie a été placé sous respirateur après avoir été poignardé, ce vendredi 12 août, à plusieurs endroits du corps lors d’une conférence dans l’État de New York. « Salman va probablement perdre un œil ; les nerfs de son bras ont été sectionnés et il a été poignardé au niveau du foie », a déclaré vendredi l’agent de l’écrivain britannique, Andrew Wylie.

Hadi Matar, un homme de 24 ans qui a laissé sur les réseaux sociaux et sur un faux permis de conduire des indices de son soutien au régime chiite en Iran, a été arrêté au moment de l’attaque et placé en détention. « Il est encore trop tôt pour indiquer les motivations de cet acte (...) mais la cause de cet attentat sera déterminée plus tard », a expliqué vendredi la police de l’État américain, précisant que le FBI était présent pour mener l’enquête.

« Les versets sataniques pas irrespectueux à l’égard de l’islam »

« À l’heure où nous écrivons ces lignes, nous ne connaissons pas les motivations de l’auteur de l’attaque au couteau contre Salman Rushdie. Était-il révolté contre le réchauffement climatique, contre la baisse du pouvoir d’achat ou contre l’interdiction d’arroser les pots de fleurs pour cause de canicule ? », écrit ironiquement Riss, chef de la rédaction de Charlie Hebdo et l’un des rares survivants de l’attentat de 2015, dans un billet sur le site du journal.

« Prenons alors le risque de dire qu’il s’agit probablement d’un croyant, qu’il est tout aussi probablement musulman et qu’il a commis son acte encore plus probablement au nom de la fatwa lancée en 1989 par l’ayatollah Khomeini contre Salman Rushdie, et qui le condamnait à mort », poursuit-il.

« La liberté de penser, de réfléchir et de s’exprimer n’a aucune valeur pour Dieu et ses serviteurs. Et dans l’Islam, dont l’histoire s’est souvent écrite dans la violence et la soumission, ces valeurs n’ont tout simplement pas leur place car elles sont autant de menaces contre son emprise sur les esprits », ajoute Riss, alors que le Coran est brièvement abordé dans l’ouvrage de l’auteur britannique et n’occupe seulement quelques paragraphes de l’ouvrage de 600 pages.

Il rejette l’idée selon laquelle « la fatwa contre Salman Rushdie était d’autant plus révoltante que ce qu’il avait écrit dans son livre, ’Les versets sataniques’, n’était absolument pas irrespectueux à l’égard de l’islam ». Selon lui, il s’agit d’un « raisonnement d’une très grande perversité car il induit qu’à l’inverse des propos irrespectueux envers l’islam justifieraient une fatwa et une punition, fut-elle mortelle ».

« Eh bien non, il va falloir répéter encore et encore que rien, absolument rien ne justifie une fatwa, une condamnation à mort, de qui que ce soit pour quoi que ce soit », martèle Riss, en fustigeant des « petits chefs spirituels médiocres, intellectuellement nuls et culturellement souvent ignares ».

« Il va falloir cesser de respecter le mot ’respect’ quand il est dévoyé et utilisé pour intimider et justifier qu’on exécute au nom de Dieu. Le mot ’respect’ est devenu une arme utilisée pour menacer et même tuer », poursuit-il.

En janvier 2015, Charlie Hebdo avait été victime d’un attentat islamiste qui avait fait 12 morts, dont les dessinateurs Charb, Cabu et Wolinski, après avoir publié des caricatures du prophète Mahomet. Cet attentat avait suscité une émotion mondiale, et Salman Rushdie avait alors exprimé sa « solidarité à Charlie Hebdo ».

VIDÉO - "C'est impossible de ne pas y penser quotidiennement", Philippe Val raconte comment la tuerie de Charlie Hebdo a tout changé

À voir également sur Le HuffPost : Attentat de la rue des Rosiers : 40 ans après, (enfin) l’hommage national

Vous ne pouvez visionner ce contenu car vous avez refusé les cookies associés aux contenus issus de tiers. Si vous souhaitez visionner ce contenu, vous pouvez modifier vos choix.

Lire aussi

undefined

Au terme du procès du 13-Novembre, des explications, des aveux mais aucune certitude

undefined