Mercosur : un coup pour un coup contre, les volte-face d'Emmanuel Macron sur l'accord de libre-échange

Depuis son poste de ministre de l'économie, jusqu'à son deuxième mandat présidentiel, Macron a eu des positions parfois différentes sur cet accord.

French President Emmanuel Macron participates the 'The future of European competitiveness' at the College de France in Paris, France, Wednesday, Nov. 13 2024. (Teresa Suarez, Pool via AP)
French President Emmanuel Macron participates the 'The future of European competitiveness' at the College de France in Paris, France, Wednesday, Nov. 13 2024. (Teresa Suarez, Pool via AP)

"On veut véritablement ne pas importer des produits agricoles qui ne respectent pas les règles que nous nous sommes imposées à nous-mêmes" en matière environnementale et sanitaire, a déclaré le président Emmanuel Macron au G20 à Rio de Janeiro, lundi 18 novembre, à propos de l'accord commercial UE-Mercosur.

Cet accord vise à faciliter les échanges commerciaux entre l'Union européenne et les pays du Mercosur (Brésil, Argentine, Paraguay et Uruguay) et à éliminer une grande partie des droits de douane qui sont appliqués actuellement sur les exportations entre les deux continents. Mais l'accord pose problème depuis des années, notamment auprès des agriculteurs, qui sont de nouveau mobilisés ces derniers jours.

La position politique d'Emmanuel Macron sur le sujet a évolué plusieurs fois sur les dernières années : on vous fait un récapitulatif des virages effectués par l'exécutif.

  • En 2017 et 2018 : "On est gagnants sur le Mercosur"

Alors encore ministre de l'Economie sous la présidence de François Hollande, Emmanuel Macron défend des positions libérales et donc plutôt favorables à cet accord commercial. Devenu président, c'est sensiblement la même chose puisqu'il déclare en 2018 "on est gagnants sur le Mercosur", lors d'une échange houleux au salon de l'agriculture.

Dans une vidéo, l'Opinion nous rappelle aussi les propos du président lors d'une rencontre avec les agriculteurs à l'Élysée, en février 2018 :

L’hypocrisie qu’il faut dénoncer, c’est : est-ce que vous pensez que la difficulté de la filière boeuf elle est liée au Mercosur ? Il est là le Mercosur ? Il est ouvert ? Ça fait combien de temps que dans le boeuf c’est difficile ? Qui peut dans les yeux me dire que c’est le Mercosur la cause de son problème ? Personne ! Personne !

En novembre 2018, il met quand même l'accent sur la nécessité d'avoir des accords équilibrés avec les pays qui négocient commercialement. "Mercosur : on ne peut pas demander aux agriculteurs et travailleurs français de changer leurs habitudes de production pour mener la transition écologique, puis signer des accords commerciaux avec des pays qui ne font pas de même. Nous voulons des accords équilibrés" avait-il affirmé dans un tweet.

  • Jusqu'en juin 2019 : pour l'accord mais sous conditions

Continuant sur ses positions favorables à l'accord, Emmanuel Macron insiste dorénavant sur des conditions, notamment environnementales et sociales. "Pendant trop longtemps il y a eu une naïveté libre échangiste. C’est terminé. Mais il ne faut pas non plus qu’il y ait de l’autre coté une forme de néo protectionnisme", avait-il déclaré au Parlement européen.

En juin 2019, l’UE et le Mercosur annoncent avoir trouvé un accord commercial. Emmanuel Macron se montre positif, malgré certaines contestations dans son camp. Il estime que l’accord est "bon à ce stade" et défendait une ouverture (commerciale) "sans naïveté, exigeante (…) sur le plan climatique", explique un article du Monde. Il valorisait une clause contraignant le Brésil, alors sous la présidence de Jair Bolsonaro, à respecter ses engagements climatiques.

  • Août 2019, le volte-face

Le président français retire finalement son soutien à l'accord commercial controversé avec le Brésil. Selon Le Monde,"en plein G7 à Biarritz, alors que des incendies ravagent l'Amazonie, le président français retire vendredi 23 août son soutien à ce traité, en dénonçant l'inaction de son homologue brésilien Jair Bolsonaro en matière de climat et de biodiversité."

Les incendies de l'Amazonie auraient alors fait changé d'avis le président français, qui accusait le président brésilien de lui avoir "menti", bien que Bolsonaro n'ait jamais caché son désintérêt pour la question environnementale. Les réserves des Européens finiront finalement par empêcher la ratification définitive de l'accord de libre échange.

  • Novembre 2024, contre "en l'état"

Face à la colère des agriculteurs en France, Macron s’oppose de nouveau à l’accord, alors qu'il est présent au G20 à Rio, au Brésil. Selon l'AFP, il a expliqué avoir "proposé" au président brésilien Lula d'engager "des travaux nouveaux pour essayer de développer un cadre d'investissement conjoint, mais "qui protège l'agriculture française et européenne".

Le président de la République a de nouveau expliqué, mardi, depuis le Brésil, que le texte "repose sur des préalables caducs" et que Paris continue de s’y opposer. Pour souligner sa volonté de communiquer, Emmanuel Macron a accompagné sa déclaration d’un tweet réaffirmant son opposition au projet.