« Megalopolis » de Coppola sort au cinéma, et c’est un festival du grand n’importe quoi

CINÉMA - 40 ans. C’est le temps que Francis Ford Coppola a mis à concrétiser Megalopolis. Sur le papier, le long-métrage en salles ce mercredi 25 septembre a tout pour séduire. Le réalisateur du Parrain ; un casting cinq étoiles - Adam Driver, Giancarlo Esposito, Dustin Hoffman, entre autres ; et une idée « novatrice ». Pourtant, la mayonnaise qui monte depuis le Festival de Cannes ne prend pas, et risque de laisser le spectateur pantois.

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Megalopolis suit le destin de César Catalina, ingénieur et architecte de talent en mal d’inspiration, incarné par Adam Driver. Il veut développer un projet de ville nouvelle, avec un matériau qu’il a inventé, le mégalon et donc, l’appeler Megalopolis. Mais son ambition se heurte à Franck Cicéron (Giancarlo Esposito), le maire de la ville attaché au passé, ainsi qu’à une partie de sa famille, les Crassus, qui jalousent son génie, et notamment son cousin Claudio (Shia Labeouf).

Nathalie Emmanuel et Adam Driver dans « Megalopolis »
Cesar Film LLC Nathalie Emmanuel et Adam Driver dans « Megalopolis »

Sa rencontre avec Julia (Nathalie Emmanuel) la fille du maire, va lui redonner un nouveau souffle, mais déclencher, entre-autres, l’ire de son ancienne maîtresse (Aubrey Plaza). Voilà pour le pitch, jusqu’ici rien de très compliqué, pensez-vous sans doute.

Méga tragédie romaine

Sauf que Coppola n’a, malheureusement, pas voulu faire simple. Son histoire se passe donc à New-Rome, c’est comme New-York mais en version Rome antique, futuriste. Et le réalisateur nous offre un vrai cours d’histoire niveau collège en accéléré : toges, banquets, combats de lutteurs-catcheurs dans une séquence « du pain et des jeux » lunaire, vestales, un petit tour aux thermes, et même des phrases en latin et des citations de Marc-Aurèle balancées çà et là.

Nathalie Emmanuel est Julia dans « Megalopolis »
César Films Nathalie Emmanuel est Julia dans « Megalopolis »

Francis Ford Coppola est même allé encore plus loin, puisque son film comporte une dimension « surnaturelle » et « onirique ». En découlent des scènes de visions et de rêves psychédéliques, mais aussi des superpouvoirs, preuves du « génie » de César à l’œuvre. L’architecte peut en effet à sa guise arrêter le temps et faire léviter des objets. Sans qu’on sache pourquoi.

Le « testament » raté de Coppola ?

Présenté en mai dernier à Cannes, le film n’a pas du tout fait l’unanimité. Dans la presse américaine, Megalopolis n’a pas été trop mal reçu et assimilé à un film testamentaire, présentant une allégorie de sa longue carrière de cinéaste. Mais ailleurs, le film a été globalement très sévèrement critiqué, jugé non seulement ennuyeux mais également incompréhensible.

Depuis ces premières critiques, la promotion s’est même embourbée dans plusieurs polémiques. Concernant le tournage d’une part et le comportement problématique du réalisateur. Le site américain Variety publiait cet été des vidéos sur lesquelles Francis Ford Coppola pouvait être vu en train de tenter d’embrasser des figurantes. Des images corroborant des témoignages publiés en mai dans le Guardian relatant une attitude « non professionnelle » de la part du réalisateur de 85 ans.

Chloe Fineman, Nathalie Emmanuel, et Francis Ford Coppola sur le tournage de « Megalopolis » en novembre 2022.
MEGA / GC Images Chloe Fineman, Nathalie Emmanuel, et Francis Ford Coppola sur le tournage de « Megalopolis » en novembre 2022.

Autre couac cette fois-ci côté communication, les studios Lionsgate ont publié au mois d’août une bande-annonce « truquée » comportant de fausses critiques destinées à contrecarrer en avance celles de la presse. Une décision émanant du studio, que n’aurait pas validée Francis Ford Coppola en amont et pour laquelle Lionsgate s’était platement excusée.

Le réalisateur a expliqué avoir mis plus de 40 ans pour que ce projet voie le jour. Un film qu’il a d’ailleurs financé lui-même à hauteur de 120 millions de dollars. Difficile d’imaginer qu’il rentrera dans ses frais. Mais bon, Alea jacta est comme on dit.

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