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Mediaset entre au capital de ProSieben, se place pour un "Euroflix"

par Elvira Pollina et Douglas Busvine

MILAN/FRANCFORT (Reuters) - Mediaset a pris une participation de 9,6% au capital du diffuseur allemand ProSiebenSat.1, s'assurant ainsi une place à la table d'éventuelles discussions à venir sur la création d'un acteur d'envergure européenne dans la télévision et la vidéo.

Cette participation, annoncée mercredi, représente environ 330 millions d'euros au cours de clôture de l'action ProSieben mardi.

Depuis des mois, les spéculations selon lesquelles Mediaset, contrôlé par Fininvest, la holding de l'ex-président du Conseil italien Silvio Berlusconi, voulait fusionner avec le groupe allemand allaient bon train.

ProSiebenSat prenait plus de 4% à la Bourse de Francfort vers 11h15 GMT, après avoir gagné jusqu'à 8,8%. Elle signait la deuxième plus forte hausse du Stoxx 600 (-1,32%), tandis que le titre Mediaset était stable à Milan.

Les deux groupes, tout comme leurs concurrents européens RTL Group et TF1 ou encore le britannique ITV, sont confrontés à la baisse de leurs revenus publicitaires et à la concurrence des offres en streaming de Netflix et Amazon Prime.

Jusqu'à présent, les tentatives d'accords transfrontaliers visant à créer un "Euroflix" ont échoué, bloquées par le manque de synergies possibles en raison de la variété des langues et des goûts des téléspectateurs en Europe.

MEDIASET NE COMPTE PAS GRIMPER AU CAPITAL À CE STADE

Pier Silvio Berlusconi, administrateur délégué de Mediaset, a affirmé dans un communiqué que "cette acquisition amicale est un choix de long terme".

"Le rapide processus de mondialisation qui conditionne le scénario international est tel que les groupes européens de médias comme les nôtres doivent unir leurs forces si nous voulons continuer à rester compétitifs ou à simplement résister, en termes d'identité culturelle européenne, aux éventuels investissements hostiles des géants mondiaux", a-t-il dit.

ProSieben s'est réjoui de cette prise de participation.

"Nous saluons l'investissement de Mediaset et nous y voyons un vote de confiance dans notre stratégie et nos équipes", a dit le président du directoire, Max Conze, dans un communiqué.

Des sources au sein des deux groupes ont souligné qu'il s'agissait d'un investissement financier.

Mediaset n'envisage pas à ce stade d'augmenter sa participation et ne réclame pas un siège au conseil d'administration de ProSieben, a rapporté à Reuters une source au fait des négociations.

Banquiers et analystes estiment que Mediaset s'est assuré une entrée au capital à bon marché. L'action ProSieben est tombée à un creux de sept ans en mars, une chute qui reflète le scepticisme du marché face aux efforts de Max Conze pour redresser le groupe.

Max Conze, qui a réorganisé ProSieben en trois divisions, veut développer les activités de commerce électronique aux dépens des chaînes de télévision traditionnelles.

Mediaset, qui contrôle également le diffuseur espagnol de chaînes gratuites Mediaset Espana, est désormais le deuxième actionnaire de ProSieben avec 9,9% des droits de vote, derrière Capital Research Global Investors.

Le mois dernier, le directeur financier de Mediaset avait déclaré que le groupe pourrait consacrer jusqu'à un milliard d'euros au financement d'acquisitions.

NOMBREUSES DISCUSSIONS EN EUROPE

Mediaset a indiqué que cette opération n'aurait aucun impact sur le paiement du dividende prévu en juillet.

En 2016, Mediaset a signé avec Vivendi un accord visant à bâtir un géant des médias en Europe du Sud, aux termes duquel le groupe français devait racheter à l'italien sa filiale de télévision payante, Premium.

Quelques mois plus tard, Vivendi a toutefois rompu cet accord tout en montant au capital de Mediaset, dont il possède désormais 28%, et les deux groupes sont depuis engagés dans une bataille judiciaire.

Ces aléas ont affaibli Mediaset par rapport aux autres participants potentiels à un projet "Euroflix". L'acquisition de cette participation dans ProSieben devrait lui permettre de participer à d'éventuelles négociations sur une consolidation dans le secteur en Europe.

Mediaset, ProSieben et Discovery, tout comme TF1 et RTL Group discutent alliances, a déclaré un banquier proche de la situation.

ProSieben cherche à rallier davantage de partenaires à sa propre plate-forme de streaming, baptisée "Joyn", qui sera lancée en juin avec Discovery. RTL a décliné l'offre et poursuit ses propres projets, mais le départ soudain de son patron, Bert Habets, pourrait modifier la donne.

(Bertrand Boucey et Catherine Mallebay-Vacqueur pour le service français)