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Maîtres et talents de Côte-d’Ivoire

Une sculpture du Maître des volumes arrondis.

A Paris, le Quai-Branly présente un panorama exceptionnel de 330 œuvres d’artistes africains méconnus.

«Je hais les objets, surtout ceux que l’on regarde comme le produit des arts, exilés des relations humaines qui leur donnaient une pleine signification», confessait, en 1957, Georges Balandier dans Afrique ambiguë, livre devenu culte. Ces objets qu’évoque l’ethnologue français, ce sont ceux «des vitrines» : venus d’Afrique pour figurer dans les musées occidentaux. Que voit-on dans un masque africain ? Un simple objet décoratif qui ferait joli dans le salon ? Un fétiche, paré de tous les clichés d’un continent qui reste méconnu ? Et justement, comment le rapproche-t-on d’un monde «qui, ignorant l’écriture, n’a pu enregistrer son histoire dans des bibliothèques», comme le soulignait Balandier ?

L’exposition «Les maîtres de la sculpture en Côte-d’Ivoire» présentée au musée du Quai-Branly essaie, de façon a priori audacieuse, de répondre à ces défis. Non pas tant en offrant un panorama (parfois trop) exhaustif du génie de six régions de ce pays d’Afrique de l’Ouest (et aussi en fait, des pays limitrophes). Mais surtout en tentant d’identifier non seulement les styles, mais aussi les artistes, ces hommes méconnus qui ont créé les pièces que musées et collectionneurs s’arrachent depuis près d’un siècle. On découvre ainsi Sra, sculpteur élevé au rang d’un quasi-dieu de son vivant (mort en 1955). Ou encore Tamé, «lutteur célèbre», nous dit-on, tout autant que «séducteur», et son génial oncle Uopié, «maître unanimement reconnu» pour ses masques aux lèvres charnelles et aux yeux en fentes horizontales. Il y a aussi Kuakudilé, «premier sculpteur de Côte-d’Ivoire dont on connaisse l’apparence physique». Mais pas la voix, ni la vision de sa vocation.

Or, c’est bien l’écueil de cette entreprise, certes aussi honorable qu’originale, mais qui nous renvoie d’abord au miroir de nos propres limites : les Occidentaux en contact avec ces maîtres de la sculpture, dans la première moitié (...)

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