Mayotte: le GIGN intervient après une mutinerie dans la prison, les surveillants exercent leur droit de retrait
Les surveillants en service à la prison surpeuplée de Majicavo, unique centre de détention mahorais et théâtre d'une mutinerie, ont décidé d'exercer leur droit de retrait.
L'information a été rendue publique par le syndicat CGT pénitentiaire ce lundi 30 septembre . "Tous les surveillants de jour de la prison de Majicavo [de l'île de Mayotte], soit environ 60 personnes, exercent leur droit de retrait pour la deuxième journée consécutive", selon un communiqué de Saïd Gamba, représentant syndical de la CGT pénitentiaire deux jours après une mutinerie ayant blessé un agent pénitentiaire.
Un incident nécessitant l'intervention du GIGN, ont précisé l'Administration pénitentiaire et des sources syndicales.
Pour les surveillants, "il est impossible de reprendre le travail dans ces conditions, alors que notre sécurité n'est pas assurée", a déploré Saïd Gamba. "Les locaux ont également été saccagés", des ordinateurs, des caméras de surveillance et même des systèmes d'automatisation des portes de la prison ont été cassés, a ajouté ce représentant syndical.
Une densité carcérale estimée à 177% à Majicavo
Ces incidents ont débuté vers 15 heures samedi, dans le quartier du centre de détention au moment de la réintégration de la centaine de détenus présents dans la cour vers leurs cellules, "moment très sensible", d'après Vincent Pardoux, secrétaire régional Force ouvrière pour la Réunion et Mayotte.
Des détenus s'en sont pris à un surveillant gradé, lui ont arraché des clés et son émetteur récepteur. Ce gradé, "blessé légèrement à l'avant-bras" et "très choqué", a pu se mettre à l'abri. "Mais un second surveillant a été pris en otage dans la cour de promenade", a détaillé de son côté l'Administration pénitentiaire dans un communiqué.
"La criminalité explose à Mayotte, on demande à la police d'arrêter, à la justice de juger, mais on oublie un maillon de la chaîne: où met-on les personnes condamnées?", a souligné Saïd Gamba, qui demande à ce que la prison de Mayotte soit désengorgée le plus rapidement possible.
La densité carcérale globale en France s'établit à 126,4%. Mais dans les maisons d'arrêt, où sont incarcérés les détenus en attente de jugement et ceux condamnés à de courtes peines, elle atteint 151,6%. À Majicavo, elle avoisine les 177%.
Pour Saïd Gamba, les détenus ont "pété un plomb". "La colère monte. Ils sont les uns sur les autres, ils payent pour avoir la télé mais la plupart des téléviseurs ne fonctionnent plus. Ils n'ont rien à faire et au moindre regard de travers, ils se tapent dessus."
Pour désengorger l'établissement de Majicavo, un projet de deuxième prison a été annoncé par le ministère de la Justice en 2022, mais aucun terrain n'a pour l'heure été retenu.