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Grande-Bretagne: Le gouvernement lance sa nouvelle stratégie industrielle

par Paul Sandle

LONDRES (Reuters) - Le gouvernement britannique a donné lundi le coup d'envoi d'une nouvelle stratégie industrielle, avec pour objectif d'investir dans des secteurs clés pour en augmenter la productivité et prévenir d'éventuels problèmes causés par le Brexit.

La Première ministre Theresa May avait une première fois évoqué ce plan en janvier, sept mois après la décision des Britanniques de quitter l'Union européenne.

Le document de 131 pages publié lundi est destiné à repositionner la Grande-Bretagne afin qu'elle puisse tirer profit de la révolution technologique en augmentant ses investissements en recherche et développement, en améliorant son enseignement technique et en construisant de meilleures infrastructures.

"Le coeur de ce projet reflète ma croyance en un Etat stratège intervenant résolument partout où il fait la différence", déclare Theresa May en avant-propos du document baptisé "Building a Britain fit for the future" (Bâtir une Grande-Bretagne pour l'avenir).

Dans ce cadre, le gouvernement a annoncé lundi s'être assuré d'importants investissements du laboratoire américain Merck & Co, appelé MSD au Royaume-Uni, et du spécialiste allemand du diagnostic Qiagen, quelques heures avant la publication des détails de son plan.

Le Financial Times estime à plus d'un milliard de livres (1,1 milliard d'euros) le montant de ces investissements mais ni MSD ni Qiagen n'ont donné de chiffres.

Les sciences de la vie sont l'un des quatre secteurs visés par le gouvernement avec le bâtiment, l'intelligence artificielle et l'industrie automobile.

AMÉLIORER LA PRODUCTIVITÉ

Le ministre des Entreprises Greg Clark a déclaré que la Grande-Bretagne possédait quelques-uns des meilleurs centres de recherche et universités au monde ainsi que des entreprises leaders dans leur secteur, allant des technologies manufacturières avancées aux services financiers en passant par les sciences de la vie.

Mais le pays souffre d'une productivité insuffisante qui est l'un des défis auxquels la nouvelle stratégie doit apporter des solutions, a-t-il dit. Les employeurs signalent des difficultés à recruter des personnels qualifiés et des goulets d'étranglement dans les infrastructures de transports.

"Toute stratégie sérieuse doit répondre aux faiblesses qui nous ont bloqués pour atteindre notre potentiel et mettre en valeur nos points forts et c'est ce que fait cette Stratégie Industrielle", a dit le ministre, promettant une amélioration des infrastructures et de l'environnement économique.

Dans le projet de budget présenté la semaine dernière devant le Parlement britannique, le gouvernement a abaissé ses prévisions de croissance d'une économie plombée par le Brexit sur les cinq prochaines années, en raison notamment de projections revues en baisse pour la productivité.

Le Fonds monétaire international table pour sa part sur une croissance de 1,5% en 2018, contre 2,0% pour l'ensemble des économies avancées.

Rebecca Long-Bailey, responsable des entreprises au Parti travailliste, a déploré le manque de précisions du document.

"Ce Livre blanc reprend des politiques déjà annoncées et des engagements de dépenses connus, ce qui montre une nouvelle fois que ce gouvernement manque d'idées nouvelles", a-t-elle déclaré.

"Rien dans ce Livre blanc n'aidera les entreprises à trouver les assurances ou incitations dont elles ont besoin pour investir face à la gestion calamiteuse du Brexit par le gouvernement."

MSD a annoncé son intention d'ouvrir à Londres d'ici 2020, soit après le Brexit, un centre de recherche dans le domaine des sciences de la vie.

"Ce nouveau site à Londres nous permettra de tirer parti de notre savoir-faire en matière d'invention et d'être un contributeur important à la dynamique communauté des sciences de la vie de Londres", a déclaré Roger M. Perlmutter, président de MSD Research Laboratories. Une porte-parole de l'entreprise a en même temps reconnu que le Brexit "posait de réelles questions" pour la chaîne d'approvisionnement, la réglementation et la capacité à attirer des talents en Grande-Bretagne.

Le laboratoire américain prévoit de créer 150 nouveaux postes à Londres et de transférer 800 emplois existants dans la capitale.

De son côté, Qiagen a annoncé vouloir développer un centre dédié au génome et au diagnostic à Manchester, qui pourrait aboutir à la création de 800 emplois.

Ces annonces tombent à point nommé pour le gouvernement après la décision de l'Union européenne, la semaine dernière, de transférer le siège de l'Agence européenne des médicaments (AEM) de Londres à Amsterdam quand la Grande-Bretagne sortira de l'UE.

(Danielle Rouquié et Catherine Mallebay-Vacqueur pour le service français, édité par Véronique Tison)