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Theresa May pourrait annoncer mercredi la date de sa démission

Theresa May pourrait annoncer mercredi lors d'une réunion avec des élus du Parti conservateur une date à laquelle elle s'engagera à quitter ses fonctions à la tête du gouvernement britannique. /Image diffusée le 25 mars 2019/REUTERS/UK Parliament/Mark Duffy

par Elizabeth Piper et Kylie MacLellan

LONDRES (Reuters) - Theresa May pourrait annoncer mercredi lors d'une réunion avec des élus du Parti conservateur une date à laquelle elle s'engagera à quitter ses fonctions à la tête du gouvernement britannique, rapporte mardi un journaliste de The Sun.

Elle espère obtenir en échange le ralliement d'un nombre suffisant d'élus à son Accord de sortie de l'Union européenne massivement rejeté par les députés le 15 janvier puis le 12 mars mais qu'elle pourrait soumettre une nouvelle fois aux voix dès jeudi à la Chambre des communes.

La réunion aura lieu mercredi à 17h00 GMT.

"On s'attend de plus en plus chez les Tories à ce que la Première ministre fixe une date pour sa démission lors de cette réunion", écrit sur Twitter le rédacteur en chef politique du Sun, Tom Newton Dunn.

Un élu conservateur qui a requis l'anonymat a confirmé qu'il s'agissait "certainement d'une possibilité".

Les députés britanniques ont invité mardi Theresa May à tenir compte de la stratégie alternative que la Chambre des communes pourrait définir pour sortir de l'impasse sur le Brexit.

Ils ont voté lundi soir par 329 voix contre 302 un amendement déposé par le conservateur Oliver Letwin qui donne provisoirement au Parlement le pouvoir de fixer son ordre du jour, ce qui lui permettra de procéder mercredi à une série de "votes indicatifs" sur la sortie - ou non - du Royaume-Uni de l'UE.

Le débat aura lieu dans l'après-midi, les votes débuteront à 19h00 GMT et les résultats devraient être annoncés après 21h00 GMT. Plusieurs motions ont été proposées mardi soir.

L'une d'elle propose de négocier une nouvelle union douanière avec l'UE après le Brexit, une autre propose la création d'un "marché commun 2.0" dans lequel le Royaume-Uni disposerait d'un statut douanier spécial et une troisième suggère de quitter l'UE sans un accord ou de renoncer tout bonnement à la rupture s'il ne reste que ces deux options.

Theresa May a rapidement fait savoir que son gouvernement ne serait pas tenu de s'y conformer si elles sont adoptées.

La Première ministre ne cesse de répéter que l'accord qu'elle a conclu en novembre dernier avec l'UE est le seul moyen pour le Royaume-Uni de sortir de l'UE de manière ordonnée.

"MIEUX QUE NE PAS PARTIR DU TOUT"

Si elle décide de présenter à nouveau le texte au Parlement, c'est qu'elle espère que les partisans d'un "no deal" finiront par approuver son accord plutôt que de risquer un report long du processus pouvant aboutir à l'annulation pure et simple du Brexit.

Jacob Rees-Mogg, l'un des plus fervents "Brexiters" du Parti conservateur, a ainsi estimé que le choix semblait maintenant devoir se faire entre l'accord présenté par le gouvernement ou pas de Brexit du tout.

"J'ai toujours pensé qu'il valait mieux un 'no-deal' que l'accord présenté par Mme May. Mais l'accord de Mme May, c'est mieux que pas de Brexit du tout", a-t-il dit.

"Je pense que c'est maintenant le choix qui, en fin de compte, nous est présenté (...) Quitter l'Union européenne, même imparfaitement et avec encore du travail à faire plus tard, c'est mieux que ne pas partir du tout" de l'UE, a-t-il ajouté.

Selon le numéro deux du service politique du Telegraph l'ancien ministre des Affaires étrangères Boris Johnson, autre détracteurs de l'accord, est du même avis.

"Boris Johnson penche pour une approbation de l'accord de la Première ministre", dit Steven Swinford sur Twitter. "Si nous votons à nouveau contre, il y a un risque de plus en plus important que nous ne sortions pas du tout", ajoute-t-il, citant l'intéressé.

"L'OPTION LA MOINS MAUVAISE"

Le conservateur eurosceptique Michael Fabricant dit lui aussi être parvenu à la "terrible conclusion" que le plan de Theresa May est "l'option la moins mauvaise" actuellement et "la seule solution pratique pour aller de l'avant".

Les dirigeants européens, réunis jeudi et vendredi derniers à Bruxelles, ont reporté la date du Brexit du 29 mars au 22 mai si la Chambre des communes ratifie l'accord de retrait cette semaine. Dans le cas contraire, le Brexit aurait lieu le 12 avril.

Trois ministres délégués ont démissionné lundi soir pour exprimer leur désaccord avec Theresa May et se ranger à l'amendement Letwin.

L'un d'eux, l'ex-ministre délégué à la Santé Steve Brine, a estimé que le Parlement était en mesure de changer les choses. "Nous sommes coincés dans cette impasse exaspérante où l'on tourne en rond, il faut que quelque chose avance. La Chambre des communes ne va pas proposer quelque chose de complètement insensé."

Pour l'ancien ministre conservateur Michael Heseltine, Theresa May "joue avec le feu lorsqu'elle dit qu'elle ne tiendra pas compte de ce que dit la Chambre des communes".

Le ministre de la Santé, Matt Hancock, a au contraire estimé que l'Accord de retrait était la seule option sur la table et qu'évincer Theresa May de son poste à la tête du gouvernement n'aiderait pas à résoudre l'impasse. "Changer de leader ne change rien. On ne change pas l'arithmétique au Parlement", a-t-il dit.

(Avec Andrew MacAskill, Elisabeth O'Leary, Stephen Addison et David Milliken; Jean-Stéphane Brosse, Guy Kerivel et Jean-Philippe Lefief pour le service français)