Mattis demande au Pakistan de redoubler d'efforts contre les islamistes

ISLAMABAD (Reuters) - Le secrétaire américain à la Défense, James Mattis, a demandé lundi aux dirigeants politiques et militaires pakistanais de "redoubler" d'efforts contre les islamistes accusés de se servir du Pakistan comme base arrière pour mener des attaques en Afghanistan.

En visite pour une journée à Islamabad, James Mattis a déclaré que les Pakistanais avaient fait des progrès à l'intérieur de leurs frontières dans la lutte contre les islamistes mais que cela ne suffisait pas.

Plus de 100 jours après l'annonce par Donald Trump de sa nouvelle stratégie pour l'Afghanistan, responsables et analystes américains estiment que les nouveaux choix effectués par Washington rencontrent peu de succès.

Les autorités américaines voient d'un mauvais oeil les réticences d'Islamabad à agir contre des groupes comme les taliban afghans et le réseau Haqqani, qui, pensent-elles, tirent parti de leur impunité sur le territoire pakistanais pour lancer des attaques sur le sol afghan.

"Le secrétaire (à la Défense) a redit que le Pakistan devait redoubler d'efforts pour faire face aux activistes et terroristes qui opèrent à l'intérieur du pays", a déclaré le Pentagone dans un communiqué.

James Mattis, qui effectue sa première visite au Pakistan depuis sa nomination l'an dernier à la tête du Pentagone, avait indiqué que l'objectif de son voyage était de trouver un "terrain d'entente" et de coopérer avec les Pakistanais.

TROUVER UN "TERRAIN D'ENTENTE"

En août, le président Trump a exposé sa stratégie pour la guerre en Afghanistan, reprochant aux dirigeants pakistanais leur soutien présumé aux insurgés afghans. Au-delà de ces déclarations, l'administration Trump n'a guère agi pour articuler sa stratégie, déclarent des experts.

Lors de son entretien avec James Mattis, le Premier ministre pakistanais, Shahid Khaqan Abbasi, a déclaré que Washington et Islamabad partageaient les mêmes objectifs.

"Nous sommes engagés dans la guerre contre le terrorisme", a dit le chef du gouvernement pakistanais. "Personne ne veut plus la paix en Afghanistan que le Pakistan."

James Mattis a aussi rencontré le chef de l'armée pakistanaise, le général Qamar Javed Bajwa, et celui des services de renseignement (ISI), le général Naveed Mukhtar. Selon des responsables américains, l'ISI aurait des liens avec le réseau Haqqani et des taliban.

Les responsables américains disent ne pas avoir constaté d'évolution dans le soutien du Pakistan aux islamistes, malgré les visites à Islamabad de plusieurs dirigeants américains, dont le secrétaire d'Etat Rex Tillerson, récemment.

"Nous avons été très francs et très clairs avec les Pakistanais(...). Nous n'avons pas constaté d'évolutions à ce jour", a déclaré mardi dernier le général John Nicholson, plus haut gradé américain en Afghanistan.

Avant d'arriver au Pakistan, le chef du Pentagone avait déclaré que les dirigeants pakistanais avaient assuré aux Etats-Unis qu'"ils ne soutenaient pas le terrorisme". "Nous attendons d'eux qu'ils agissent au mieux de leurs intérêts, en soutenant la paix et la stabilité de la région", avait ajouté Mattis.

(Idrees Ali avec Drazen Jorgic; Eric Faye, Jean-Stéphane Brosse et Guy Kerivel pour le service français)