Matthew Perry: ce que l'on sait des avancées de l'enquête sur sa mort par overdose de kétamine
"Les accusés ont profité des problèmes de dépendance de Matthew Perry pour s'enrichir". La justice californienne a affirmé ce jeudi 15 août que cinq personnes sont désormais poursuivies pour la mort de l'acteur vedette de la série Friends, Matthew Perry. Ce dernier est mort en octobre 2023 des "effets aigus" d'une prise de kétamine. Un anesthésiant parfois détourné à des fins stimulantes ou euphorisantes.
Une enquête de près d'un an "a révélé l'existence d'un vaste réseau criminel clandestin, responsable de la distribution de grandes quantités de kétamines, à Matthew Perry et à d'autres". Cette enquête a éclairci les circonstances de la mort de l'acteur.
• Matthew Perry, la cible d'un réseau
Cinq personnes sont poursuivies dans le cadre de l'enquête menée par la police californienne sur la mort de Matthew Perry: deux médecins, l'assistant personnel de l'acteur Kenneth Iwamasa, un fournisseur de drogue ainsi que la "reine de la kétamine", la dealeuse Jasveen Sangha.
Ensemble, ils ont distribué illégalement environ 20 flacons de kétamine à l'acteur de Friends en échange de 55.000 dollars en liquide, en l'espace de seulement deux mois, entre septembre et octobre 2023.
La dealeuse au cœur de l'affaire, une Américano-Britannique de 41 ans, est accusée d'avoir vendu le flacon de kétamine qui a tué l'acteur. L'enquête a révélé qu'un de ses clients était déjà mort d'une surdose de kétamine, en 2019.
• Une addiction d'une grande ampleur
Matthew Perry avait déjà parlé publiquement à plusieurs reprises de sa dépendance à la drogue. Après sa rechute à l'automne 2023, la vedette de Friends s'injectait le médicament six à huit fois par jour, rapporte NBC News. Il aurait ainsi dépensé 55.000 dollars en liquide en deux mois pour 20 flacons de kétamine.
L'acteur aurait également payé 2.000 dollars pour des flacons qui coûtaient en réalité environ 12 dollars chacun, souligne la BBC. Selon les procureurs, Matthew Perry cherchait à obtenir des doses non surveillées de cette substance réglementée et avait développé une dépendance "incontrôlable".
À côté des doses prises illégalement, l'acteur suivait en effet une thérapie par perfusion de kétamine pour traiter sa dépression et son anxiété.
• Les accusés connaissaient de sa dépendance
Alors que Matthew Perry se battait depuis des années contre son addiction aux analgésiques et à l'alcool, il est retombé "dans la dépendance" en octobre 2023, selon le procureur américain du district central de Californie, Martin Estrada. De là, il s'est tourné tant vers les dealers de rue que vers les fournisseurs les plus élitistes qui ont profité de la complicité de médecins et de l'assistant personnel de l'acteur.
Le Dr Salvador Plasencia, qui a été présenté à l'acteur fin septembre, a souhaité "devenir l''interlocuteur privilégié de Perry en matière de drogue". "Je me demande combien cet idiot va payer?", a même écrit ce dernier dans un message texte, selon les autorités. Il lui aurait vendu de la kétamine liquide ainsi que des pastilles de kétamine, selon les documents judiciaires.
Le Dr Plasencia aurait appris à l'assistant Kenneth Iwamasa comment injecter la drogue, même si ce dernier n'avait aucune expérience ni formation médicale. Et ce, même s'il avait appris "que la dépendance de Perry à la kétamine devenait incontrôlable", selon les enquêteurs. L'assistant a déclaré avoir commencé à injecter de la kétamine à Matthew Perry "environ un mois avant sa mort" et relate des communications quasi quotidiennes avec le médecin.
Mi-octobre, le comédien a fait une mauvaise réaction à une "forte dose de kétamine" administrée par le Dr Plasencia. Sa tension artérielle a grimpé en flèche, son corps a commencé à "se figer" et il ne pouvait ni parler ni bouger, ont déclaré les procureurs, selon les informations de NBC News. Cela n'a pas empêché le médecin de laisser des flacons supplémentaires à la disposition de l'acteur.
"Ils savaient que ce qu'ils faisaient représentait un grand danger pour M. Perry, mais ils l'ont quand même fait", a affirmé le procureur.
• Suspectés d'avoir dissimuler les faits
Après la mort de Matthew Perry, les personnes accusées de lui avoir fourni de la drogue ont tenté de cacher leurs actions, note la BBC. La dealeuse Jasveen Sangha aurait demandé un autre suspect, Éric Fleming, de "supprimer tous leurs messages". Les autorités affirment que les accusés ont utilisé un langage codé, appelant la kétamine "Dr Pepper", "robots" ou encore "canettes".
Le Dr Plasencia aurait également falsifié des dossiers médicaux pour tenter de faire paraître légitimes les médicaments administrés à l'acteur dans le cadre de l'enquête fédérale.
• Son assistant accusé d'avoir injecté la dose mortelle
L'assistant de Matthew Perry, Kenneth Iwamasa, est celui qui a retrouvé l'acteur mort, dans un jacuzzi à son domicile de Los Angeles. Mais d'après les enquêteurs, c'est aussi lui qui a injecté la dose mortelle de kétamine. Le jour de la mort de l'acteur, il lui aurait fait trois injections, d'après son propre plaidoyer, détaillé par ABC News.
Sur demande de Matthew Perry, Kenneth Iwamasa aurait administré une première dose vers 8h30 puis une deuxième vers 12h45 pendant que l'acteur regardait un film.
Environ 40 minutes plus tard, le comédien lui aurait demandé de lui préparer le jacuzzi et de lui "injecter une grosse dose". Ce que Kenneth Iwamasa a fait avant de quitter le domicile pour faire des courses, selon lui.
"Après son retour à la résidence, le défendeur a trouvé [Perry] face contre terre dans le jacuzzi et décédé", indique le plaidoyer.
Le rapport d'autopsie a révélé un niveau élevé de kétamine dans son sang, équivalent à la quantité utilisée pour une anesthésie générale pendant une intervention chirurgicale.
• 120 ans de prison, perpétuité... Ce que risquent les accusés
Le Dr Salvador Plasencia, accusé d'avoir fourni de la kétamine à Matthew Perry et de falsification de dossiers, risque au cumulé jusqu'à 120 ans de prison. Devant un tribunal jeudi 15 août, il a plaidé non coupable et a été libéré contre une caution de 100.000 dollars, avec l'obligation d'informer ses patients des poursuites qui le visent. Son procès est prévu le 8 octobre.
La dealeuse au cœur de l'affaire, Jasveen Sangha, risque quant à elle au minimum dix ans de prison et au maximum la prison à perpétuité, selon l'agence de presse américaine Associated Press. Et ce, pour neuf chefs d'accusation, dont "complot en vue de distribuer de la kétamine" et "distribution de kétamine ayant entraîné la mort". Elle a également plaidé non coupable. Son procès a été fixé au 15 octobre, date jusqu'à laquelle elle sera maintenue en détention pour prévenir tout risque de fuite.
L'assistant à domicile, Kenneth Iwamasa, a plaidé coupable le 7 août du chef d'accusation de complot en vue de distribuer de la kétamine ayant causé la mort. Il encourt jusqu'à 15 ans de prison d'après l'Associated Press. Tout comme les deux autres accusés, Eric Fleming et le Dr Mark Chavez, qui encourt respectivement 25 ans de prison et 10 ans de prison.