Matignon : la simple évocation par le PS de l’hypothèse Bernard Cazeneuve fait hurler les Insoumis

Olivier Faure photographié à l’Assemblée nationale le 18 juillet
STEPHANE DE SAKUTIN / AFP Olivier Faure photographié à l’Assemblée nationale le 18 juillet

POLITIQUE - Plus le temps passe sans que le chef de l’État ne désigne un Premier ministre, et plus les nerfs sont mis à rude épreuve. Particulièrement à gauche où, après la victoire partielle aux élections législatives anticipées, l’été commence à être long, entre refus opposé par Emmanuel Macron à la nomination de Lucie Castets à Matignon et trêve politique imposée par ses soins.

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Et alors que la torpeur estivale a offert son lot d’hypothèses pour le poste de chef de gouvernement, celle imaginant Bernard Cazeneuve succéder à Gabriel Attal commence, semble-t-il, à produire l’effet escompté : diviser (encore) le Nouveau Front populaire. C’est en tout cas ce que donne à voir une série de tweets courroucés publiés par la garde rapprochée de Jean-Luc Mélenchon ce lundi 19 août.

En cause, un récit du Monde publié ce jour selon lequel l’option Bernard Cazeneuve a été évoquée vendredi 16 août en réunion de groupe par les députés socialistes. « Il en est ressorti que l’ancien ministre de l’intérieur ne rencontrerait pas d’opposition de principe chez les députés du PS, même si la potion pourrait avoir un goût amer pour certains », écrit le quotidien du soir.

Suffisant pour les insoumis pour y voir un début de trahison (et pour riposter à l’opposition ferme exprimée par le PS au sujet de la destitution du chef de l’État), comme le montrent ces publications signées des députés Paul Vannier, Thomas Portes ou Hadrien Clouet.

« Si le PS ne s’oppose pas à Cazeneuve comme Premier ministre, à quoi bon avoir proposé le nom de Lucie Castets comme Première ministre ? Le NFP n’est pas là pour accompagner Macron, mais pour en finir avec sa politique ! », tacle de son côté un autre élu LFI, Antoine Léaument, qui dit espérer que « les informations du “Monde” sont fausses ».

« Il n’y a pas eu de consultation »

Auprès du HuffPost, un participant à cette fameuse réunion socialiste soupire. « Il était surtout question de travailler sur les sujets de la rentrée : le budget, la réforme des retraites etc. Sur une vingtaine d’interventions, seulement deux ou trois ont évoqué le fait que son nom circulait », relativise ce député, pour lequel il est plus qu’exagéré d’en conclure que le groupe présidé par Boris Vallaud ne s’opposerait pas à la nomination de Bernard Cazeneuve à Matignon — si tant est que celle-ci devenait réalité.

Et pour cause : « il n’y a pas eu de consultation interne, ni même de débat, au-delà du fait que certains ont affirmé qu’il avait été un bon Premier ministre, mais rien de plus », poursuit notre interlocuteur, qui dément toute position commune actée sur ce cas. Le même chiffre à « deux ou trois » le nombre de députés « cazeneuvistes » possiblement acquis à cette hypothèse.

Car s’il existe effectivement au sein du PS des personnalités proches de la sensibilité portée par l’ancien ministre de l’Intérieur, d’autres lui sont en revanche toujours hostiles. « Bernard Cazeneuve incarne une gauche qui a des toiles d’araignée sous les bras, dont nous ne voulons plus. Une nouvelle génération s’est levée, c’est d’elle que l’on doit parler maintenant », expliquait au HuffPost au début du mois un cadre du parti à la rose. De quoi rassurer les insoumis ou, au contraire, conforter Emmanuel Macron dans sa volonté d’arracher les sociaux-démocrates du Nouveau Front populaire.

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