Massey-Ferguson, souvenirs à la chaîne

Claude Painault, ancien syndicaliste, a participé à la rédaction de l'ouvrage «la Saga des Massey».

Trente ans après la fermeture de leur usine, les anciens syndicalistes se réunissent encore pour entretenir la mémoire des luttes passées. Grèves, occupations, drapeaux rouges, accordéon et solidarité… un moment d’histoire ouvrière.

Il est arrivé au milieu de la salle des fêtes de Marquette-lez-Lille (Nord), les bras levés, les poings fermés, comme un champion de boxe au sortir du ring. Jean Lietar souriait, sapé comme un milord, foulard de soie noué autour du cou, applaudi par ses camarades de lutte, en ce samedi de mai. Au micro, quelqu’un disait : «Et voici le doyen de notre assemblée, il a fêté ses 93 ans hier !» Lui aussi, comme les autres, est un ancien de chez Massey-Ferguson, une usine de moissonneuses-batteuses fermée en 1984 après une lutte syndicale épique. Le dernier carré s’est réuni pour cette assemblée générale de l’association Mémoire ouvrière du machinisme agricole. En majorité des vieux cégétistes de la génération d’après-guerre, toujours mobilisés pour sauvegarder l’histoire de leur usine malgré les défaillances de l’âge.

Un mois d’occupation en 1968

Pour le dixième anniversaire de la fermeture, en 1994, ils avaient organisé une exposition, un colloque et un fier défilé, comme dans le temps, avec banderoles, devant l’ancien site Massey-Ferguson. Ils étaient au moins 250, la larme à l’œil, pleins de la nostalgie du labeur et de la camaraderie, et avaient arraché à la mairie l’autorisation de visser une plaque «Saga des Massey» sous le nom officiel de la rue Industrielle. Mais ce 3 mai 2014, pour le trentième anniversaire, les quarante qui restent, maris et femmes mélangés, n’ont plus les jambes pour une ultime manif. «De toute façon, il n’y a plus rien», dit Auguste Parent en haussant les épaules. Moustache toujours fière quoique blanchie, le leader CGT de l’époque, la grande gueule honnie des politiques et des cadres de l’usine, est en fauteuil roulant après plusieurs vilaines attaques cérébrales. Les anciens Massey se sont contentés d’un dépôt de (...)

Lire la suite sur Liberation.fr

Faut-il craindre les produits alimentaires premiers prix ?
Un énorme réseau de cocaïne français et italien démantelé
«La justice nous autorise à dire ce qu'on pense des violences policières»
«On se demande s’il s’agit de rendre les migrants invisibles»
Vote des étrangers : «Pas la peine de présenter un texte», juge Cazeneuve