“Massacre des manchots de Punta Tombo” : un procès historique en Argentine
“Dans la réserve de Punta Tombo, au Chubut [province du Sud de l’Argentine], vit l’une des plus grandes colonies de manchots Magellan de la planète. Mais tous ne la respectent pas”, écrit le quotidien Pagina 12. Entre août et décembre 2021, sans autorisation administrative, ni étude d’impact environnemental, Ricardo Adolfo La Regina, grand propriétaire terrien patagon, a fait passer un bulldozer au milieu de cette colonie, massacrant sous les chenilles du véhicule 105 manchots, 292 nids et une bonne partie de la flore locale. “Cela en pleine connaissance de cause, s’insurge le quotidien Clarín. Il s’agit d’actes de cruauté, qui ont causé un dommage irréparable à la faune et la flore locales.”
Son but était de créer un chemin et d’installer de longues clôtures de 900 mètres sur sa propriété, qui s’étend jusqu’à la plage et sur laquelle une partie de la colonie est installée. En plus du massacre, les barbelés qu’il avait installés sur ses clôtures blessaient les animaux et empêchaient leur circulation. “Il était convaincu qu’être le propriétaire de ce grand terrain côtier lui arrogeait le droit de vie et de mort sur les espèces natives qui y vivent, écrit Clarín. Il sait maintenant qu’il se trompait, mais c’est une procureure qui a dû le lui faire comprendre.”
Émotion internationale
C’est une dénonciation anonyme qui a initialement déclenché l’enquête. Les images des nids écrasés avec à l’intérieur les manchots décédés ont à l’époque déclenché une grande émotion en Argentine et au niveau international. Ce cas a été surnommé “le massacre des manchots de Punta Tombo”.
Pour éviter un procès, le propriétaire a d’abord proposé de céder 300 hectares de son gigantesque terrain à la réserve naturelle de Punta Tombo. Le tribunal a refusé son offre, et le procès a commencé lundi 28 octobre. Il est historique : 47 témoins de plusieurs nationalités vont défiler dans la salle d’audience du tribunal supérieur de justice du Chubut pour l’accusation, et 12 pour la défense. Ricardo Adolfo La Regina est accusé de dommage environnemental aggravé à des écosystèmes côtiers et de cruauté animale. Il encourt quatre ans de prison. Quelques cas similaires ont déjà été portés devant la justice, mais la plupart n’arrivent pas au procès. C’est la première fois en Argentine.
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