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Martin Sorrell démissionne de la direction générale de WPP

par Kate Holton

LONDRES (Reuters) - Martin Sorrell, fondateur et directeur général de WPP a démissionné de ses fonctions, après avoir fait l'objet d'une enquête interne portant sur des irrégularités financières.

Le départ de Martin Sorrell, qui en 33 ans a fait de WPP le premier groupe publicitaire mondial, laisse un vide à la tête de l'entreprise au moment où elle est sous pression.

Le groupe britannique avait annoncé la semaine dernière avoir engager un cabinet d'avocats pour enquêter après des accusations de faute grave visant son directeur général. Martin Sorrel avait nié tout comportement inapproprié, mais dans une lettre adressée samedi aux salariés, il écrit que "le climat actuel" met "inutilement une trop grande pression sur l'entreprise".

Il ajoute avoir pris cette décision dans leur "intérêt, dans l'intérêt des clients, dans l'intérêt de tous les actionnaires, petits et grands, et dans l'intérêt de toutes les parties prenantes (...)".

Le président actuel du groupe, Roberto Quarta, assurera l'intérim jusqu'à la nomination d'un nouveau directeur général, tandis que Mark Read, patron de WPP Numérique et Andrew Scott, directeur des opérations en Europe ont été nommés co-directeurs.

Le groupe étudiera des candidatures externes et internes au cours d'un processus qui pourrait prendre plusieurs mois.

"Bien sûr, je suis triste de quitter WPP après 33 ans", écrit Martin Sorrell dans un communiqué. "Cela a été une passion, un centre d'intérêt et une source d'énergie pendant si longtemps. Mais je crois que c'est dans l'intérêt de l'entreprise si je démissionne maintenant."

WPP a indiqué que l'enquête, qui portait sur des irrégularités financières, était terminée. Elle a répété, comme dans un communiqué précédent, que ces allégations ne portaient pas sur des montants importants.

Une source proche de Martin Sorrell a dit qu'il était insatisfait de la manière dont l'enquête avait été conduite.

UNE PASSE DIFFICILE

Certains analystes estiment que le groupe tentaculaire, qui est en cours de restructuration après une année de baisse des investissements publicitaires, pourrait désormais céder certains actifs, sous la houlette d'une direction différente.

Sous la direction de Martin Sorrell, le groupe a développé ses propres agences de création, comme J. Walter Thompson et Young & Rubicam, investit dans des spécialistes de l'achat d'espace, les cabinets de recherche et les groupes de relations publiques.

Le groupe emploie 200.000 personnes et est présent dans 112 pays.

Brian Wieser, analyste chez Pivotal Research, juge que WPP possède de bons actifs, mais qu'il ne les a pas répartis correctement au cours de ces dernières années. Le fait qu'il soit plus fragmenté qu'Omnicom et Publicis rend le repositionnement plus difficile, ajoute-t-il.

WPP compte parmi ses clients Ford, Unilever, Procter & Gamble (P&G) et une série de grandes entreprises à travers le monde.

Le groupe a fait largement mieux que ses concurrents Omnicom, Publicis et IPG dans les années qui ont suivi la crise financière. Mais il a été affecté au cours des 18 derniers mois par le ralentissement des investissements d'Unilever et de P&G et la pertes de quelques grands budgets.

Le transfert des investissements vers la publicité en ligne et la concurrence de spécialistes du conseil, comme Accenture ont accentué la pression.

L'action a perdu quelque 30% depuis le début de l'année.

(Kate Holton; Catherine Mallebay-Vacqueur pour le service français, édité par Nicolas Delame)