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Marisol Touraine étrille la réforme des retraites du gouvernement

Marisol Touraine, la dernière ministre à avoir réformé les retraites, étrille le projet du gouvernement.
GONZALO FUENTES / AFP Marisol Touraine, la dernière ministre à avoir réformé les retraites, étrille le projet du gouvernement.

À la veille d’une nouvelle journée de grève, l’ancienne ministre socialiste regrette les choix d’Emmanuel Macron et d’Élisabeth Borne pour réformer les retraites.

POLITIQUE - C’est une charge en règle. L’ancienne ministre socialiste Marisol Touraine, qui a soutenu Emmanuel Macron en vue de sa réélection en 2022, étrille la réforme des retraites défendue coûte que coûte par le gouvernement d’Élisabeth Borne. Pour elle, le décalage de l’âge de départ de 62 à 64 ans, « injuste », « risque de se transformer en passeport pour le populisme d’extrême droite. »

« Ce qui m’inquiète, dans la période actuelle qui est marquée par des fractures, des divisions, des inquiétudes extrêmement fortes, c’est que si elle n’est pas changée, cette loi risque de renforcer la défiance », a-t-elle ainsi expliqué, ce lundi 30 janvier, sur France Inter, comme vous pouvez le voir ci-dessous, en adressant son message « aux parlementaires » : « pour la cohésion nationale, nous avons besoin d’une loi qui rassemble et non d’une loi qui risque de se transformer en passeport pour le populisme d’extrême droite. »

Concrètement, la socialiste, dernière ministre à avoir mené à bien une réforme des retraites en 2014, rejoint les opposants au texte en estimant que l’option choisie aujourd’hui par le gouvernement fait peser les efforts « sur les plus faibles » et les personnes qui ont commencé à travailler tôt.

« Un choix politique »

« Le relèvement de l’âge, cela pèse d’abord sur ceux qui ont commencé à travailler tôt », contrairement à « l’allongement de la durée de cotisation », qui touche « d’abord ceux qui ont commencé à travailler plus tard car ils ont fait des études », a ainsi argumenté Marisol Touraine, en référence au texte qu’elle a défendu en 2014. L’objectif, à l’époque, était de porter progressivement la durée minimale de cotisation à 43 ans pour une retraite à taux plein. Une différence qui « n’est pas un détail technique, mais un choix politique », selon ses mots.

L’ancienne ministre, désormais présidente de l’organisation internationale d’Unitaid, estime également que le texte d’Élisabeth Borne « manque de contribution de la part des entreprises où de ceux qui sont les plus aisés. » « Pour garantir la protection sociale, il faut que tout le monde contribue un peu (...) ça doit être la première fois qu’une réforme des retraites ne met pas à contribution les entreprises », a-t-elle ainsi regretté.

Dans le contexte actuel, Marisol Touraine juge donc le texte trop clivant. « Cette loi divise, car j’ai le sentiment que la mesure phare qui est le relèvement de l’âge légal à 64 ans est posée comme le totem du réformisme, ça ne peut pas être cela », a-t-elle insisté, à propos d’une réforme « perçue comme injuste et je crois profondément qu’elle est injuste. »

Au même moment, lundi matin, le secrétaire général de la CFDT Laurent Berger a mis en garde sur France 2 Élisabeth Borne, qui « ne peut pas rester sourde à cette formidable mobilisation qui s’est créée ». Les syndicats organisent une nouvelle journée de contestation mardi 31 janvier. Elle promet, déjà, d’être massivement suivie.

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