Marine Le Pen promet de renverser un gouvernement Michel Barnier avec Xavier Bertrand et Éric Dupond-Moretti
Forte de ses 126 députés à l'Assemblée nationale, Marine Le Pen fait planer l'ombre d'une motion de censure si le président de la Région Hauts-de-France et le Garde des Sceaux démissionnaires font partie du casting gouvernemental de Michel Barnier.
Au tour de Marine Le Pen de mettre la pression à Michel Barnier. Après les tensions avec les macronistes dont l'Élysée et les velléités des Républicains à obtenir les ministères les plus puissants, le Rassemblement national met son grain de sel dans le casting gouvernemental.
"À partir du moment où l'on pose comme critère que le Premier ministre traite l'ensemble des forces politiques de manière courtoise et républicaine, ce n'est pas pour avoir quelqu'un comme Monsieur Dupond-Moretti", au gouvernement fait savoir la patronne des députés RN ce jeudi dans les colonnes du Parisien.
"Il fait des bras d'honneur à l'opposition et insulte copieusement tous ceux qui ont le malheur d’être en désaccord avec lui. Même chose pour Monsieur Bertrand", avance encore l'ex candidate à la présidentielle.
Une animosité de longue date contre Xavier Bertrand
De quoi rayer définitivement de la liste des potentiels ministres le Garde des Sceaux démissionnaire et le président de la Région Hauts-de-France. Dans la configuration actuelle de l'Assemblée nationale, Michel Barnier pourra en effet être rapidement renversé par le RN et ses 126 députés s'ils votaient une éventuelle motion de censure avec les voix de la gauche.
Relativement discrète ces dernières semaines, Marine Le Pen veut donc à nouveau se faire entendre et rappelle à Michel Barnier qu'il ne va pas pouvoir froisser le RN.
La députée du Nord avait déjà posé son veto à l'encontre de Xavier Bertrand début septembre en affirmant qu'elle voterait la censure s'il arrivait à Matignon lors d'un coup de fil à Emmanuel Macron.
Xavier Bertrand se qualifie lui-même d'"ennemi numéro 1 du Front national (sic) depuis des années". Le long passif de détestation mutuelle entre les deux figures remonte à des années et s'est accéléré depuis 2015 lorsque Xavier Bertrand l'a emporté contre Marine Le Pen lors des élections régionales dans les Hauts-de-France.
Le nom de Dupond-Moretti rayé par le RN du casting gouvernemental
Au soir du premier tour pourtant, la candidate était pourtant en tête avec plus de 40% des voix contre 25% pour son concurrent. Mais à la faveur d'un "front républicain" et du désistement du candidat de gauche, l'élu de droite était parvenu à l'emporter. Depuis, les relations sont très tendues au sein du Conseil régional comme dans les médias.
Quant à Éric Dupond-Moretti, il n'a eu de cesse ces dernières années de mettre en scène son opposition avec le RN comme lors de sa candidature aux régionales en tant que tête de liste dans le Pas-de-Calais en 2021, le département d'élection de Marine Le Pen. Sans succès: il avait été évincé dès le premier tour tandis que le parti à la flamme récoltait le triple de ses voix.
Le ministre démissionnaire de la Justice n'a pas d'ailleurs que rarement raté l'occasion de l'égratigner à l'Assemblée nationale. Au point que la présidente des députés RN avait annoncé vouloir déposer plainte à l'hiver dernier contre le ministre de la Justice qui avait "insulté les députés" de son parti et "donc des millions de Français" après l'affaire Lola, sans guère de suite.
Censure en cas de hausse d'impôts
La semaine dernière, le patron du mouvement Jordan Bardella promettait également la censure en cas de présence de Gérald Darmanin dans le nouveau gouvernement. Son nom circule désormais pour arriver au Quai d'Orsay.
Marine Le Pen a cependant déjà posé une autre condition pour ne pas censurer le gouvernement: l'absence de toute hausse d'impôts, y compris concernant les plus aisés. Le Rassemblement national proposait pourtant de rétablir l'impôt sur la fortune lors des dernières législatives.