Pour Marine Le Pen, la droite aurait dû "hurler la mort et au retour de l'URSS" en voyant le budget de Michel Barnier

La présidente des députés RN revient sur la censure de Michel Barnier et juge que les LR "le soutenaient comme la corde soutient le pendu". Elle accuse également ses adversaires politiques de "tordre le bras à la démocratie".

Un règlement de comptes en règle. Exclue des négociations élyséennes pour parvenir à une sortie de crise, Marine Le Pen décoche des flèches à tout-va. À commencer par les députés de Laurent Wauquiez dont elle ne parvient pas à comprendre le soutien à Michel Barnier, issu de leur propre camp.

"Si Bernard Cazeneuve, Premier ministre, avait rendu une copie (budgétaire) pareille, la droite aurait hurlé à la mort et au retour de l’URSS!", moque l'ex candidate à la présidentielle dans les colonnes de Valeurs actuelles.

Le budget présenté par le locataire de Matignon, désormais démissionnaire depuis l'adoption d'une motion de censure la semaine dernière, cochait en effet plusieurs des lignes rouges évoquées par la droite ces derniers mois.

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Laurent Wauquiez, président des députés LR avait proposé cet été "un pacte législatif" avec Emmanuel Macron à la condition de ne pas augmenter les impôts ni de toucher aux pensions des retraités. Le budget 2025 présenté par Michel Barnier contenait pourtant une contribution exceptionnelle pour les plus aisés et la non-indexation des pensions de retraites sur l'inflation avant le 1er juillet 2025.

De quoi faire dire à Marine Le Pen que "le ciment de LR, c'était la victoire" à la présidentielle et que sans cela "il ne reste que des pierres abîmées pour faire tenir le ciment".

Le chef du gouvernement, soucieux de faire tenir sa coalition, a pourtant fini par lâcher du lest, que ce soit sur la revalorisation des retraites, au soulagement des LR ou sur la baisse du remboursement des médicaments de 5%, casus belli pour Marine Le Pen.

Le Premier ministre avait également accepté d'annuler la hausse des taxes sur l'électricité et de largement modifier l'aide médicale d'État - deux autres demandes du RN pour ne pas le censurer. Las: ses troupes ont voté son renversement.

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Conclusion du locataire de Matignon le 3 décembre dernier sur TF1 et France 2: Marine Le Pen "a essayé d'entrer dans une sorte de surenchère". Faux, répond en substance la représentante du RN.

"Je crois, en réalité, que Michel Barnier a été victime du chantage de sa majorité, qui le soutenait comme la corde soutient le pendu. Pour eux, il ne faut jamais rien concéder au RN, rien".

La députée du Pas-de-Calais dans cette logique explique ne pas voir "de différences fondamentales entre Laurent Wauquiez et Gabriel Attal".

"Leur mariage m’apparaît comme une évidence. La question de l’absence de cohérence idéologique de nos concurrents ne date pas d’hier", attaque encore l'élue des Hauts-de-France.

Quant au fait qu'Emmanuel Macron assure désormais que "personne ne veut redonner la main au RN" dans le futur gouvernement, comme l'ont rapporté plusieurs participants à la réunion à l'Élysée mardi soir, Marine Le Pen juge que "la démocratie s'est fait tordre le bras".

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"Si le processus démocratique avait été respecté, nous aurions en ce moment même une majorité à l’Assemblée", critique l'élue qui ne digère pas que des candidats NFP se soient retirés au second tour en cas de risque d'élection d'un RN.

La macronie et la droite n'ont cependant pas hésité à mêler leurs voix à plusieurs reprises sur les débats budgétaires, par exemple pour contrer la hausse du SMIC défendue pas la gauche.

Pas de quoi abîmer l'image de Marine Le Pen. Un sondage Ifop publié ce 10 décembre la donne à 38% au premier tour si l'élection présidentielle était organisée ce dimanche, un record.

Article original publié sur BFMTV.com