Publicité

Marine Le Pen ne veut plus que son père parle au nom du FN

Marine Le Pen a déclaré dimanche souhaiter que son père, Jean-Marie Le Pen, ne puisse plus parler au nom du Front national, laissant entendre qu'elle était favorable à son exclusion à la veille de sa convocation devant une instance disciplinaire interne. Photo prise le 29 mars 2015/REUTERS/Charles Platiau

PARIS (Reuters) - Marine Le Pen a souhaité dimanche que son père, Jean-Marie Le Pen, ne puisse plus parler au nom du Front national, laissant entendre qu'elle accepterait une peu probable exclusion à la veille de sa convocation devant une instance disciplinaire interne. Le Front national réunit lundi en milieu de matinée un bureau exécutif pour décider d'éventuelles sanctions contre son président d'honneur, auquel il reproche notamment d'avoir réitéré ses propos sur les chambres à gaz nazies durant la Seconde Guerre mondiale, "détail" de l'histoire, selon lui. Jean-Marie Le Pen s'est aussi invité de manière impromptue à la tribune lors du rassemblement du FN pour le 1er-Mai, pour solliciter les acclamations des militants alors qu'il avait été tenu à l'écart. Les dirigeants actuels du Front national, moins liés au premier président du parti que les plus anciens des cadres, cherchent à éviter que les provocations de Jean-Marie Le Pen ne leur soit associés. Invitée dimanche à dire quelle sanction elle préconisait à l'encontre de son père, Marine Le Pen, qui lui a succédé à la présidence du parti, a répondu que la décision reviendrait au bureau exécutif. Mais elle a laissé entendre qu'elle ne s'opposerait pas à une exclusion de Jean-Marie Le Pen, co-fondateur et premier président du FN en 1972, qui est encore député européen. "J'ai le sentiment qu'il ne supporte pas que le Front national continue à exister alors qu'il n'en a plus la direction. Je le regrette", a-t-elle dit au Grand Rendez-Vous Europe 1-iTELE-Le Monde. "S'il veut conserver sa liberté de parole, c'est évidemment son libre choix, mais dans ces conditions, il ne faut pas que cela engage le mouvement politique", a-t-elle ajouté. "Je pense qu'il ne doit plus pouvoir parler au nom du Front national." La présidente du FN a estimé que les multiples provocations verbales de son père constituaient des "actes de malveillance". "Il aurait pu très bien être président d'honneur, il restera toujours le fondateur du Front national, il aurait pu prendre de la hauteur, se mettre en recul, il ne souhaite pas le faire, il est dans la provocation", a-t-elle dit. "Les derniers actes qui ont été les siens, (...) je les ressens comme une malveillance et à l'égard du Front national et à mon égard", a-t-elle dit. Le secrétaire général du mouvement, Nicolas Bay, juge pour sa part délicat d'exclure Jean-Marie Le Pen, qui est encore populaire chez de nombreux militants et parmi les cadres les plus anciens du parti. "Il y a plusieurs possibilités, ça peut être le retrait de ses fonctions de président d'honneur, l'empêcher de siéger dans les instances dirigeantes", a-t-il dit sur iTELE. "J'ai dit pour ma part que l'exclusion me semblait difficile." "S'il n'a plus de fonction officielle de direction au Front national, sa parole l'engagera à titre personnel mais n'engagerait plus le mouvement", a-t-il estimé. (Gregory Blachier, édité par Marc Angrand)