Marie Cau, première maire transgenre élue en France dans le Nord, démissionne

Marie Cau évoque la charge de travail des maires ruraux mais aussi un climat délétère au sein du conseil municipal.

Marie Cau, première maire transgenre de France, va se présenter à l'élection présidentielle (photo prise le 24 mai 2020, au lendemain de son élection à la mairie)

POLITIQUE - Elle avait été élue en 2020 sur une liste apolitique à l’âge de 59 ans. Marie Cau, devenue en 2020 la première maire transgenre de France, a démissionné officiellement ce mercredi 15 janvier de son mandat d’édile du petit village de Tilloy-lez-Marchiennes (Nord). Une décision par laquelle elle veut provoquer une « réaction politique » pour davantage soutenir les maires ruraux, a-t-elle déclaré mercredi à l’AFP.

Grégory Doucet, maire de Lyon, menacé dans des tags sur un futur centre d’accueil pour mineurs étrangers

« Les maires des villages ruraux sont sacrifiés (...). La charge de travail est énorme, les indemnités sont ridicules et vous vous faites insulter et diffamer », a-t-elle déploré, craignant une épidémie de renoncements d’édiles aux prochaines municipales l’an prochain.

Elle évoque également des plaintes restées sans suite. « La goutte d’eau qui a fait déborder le vase, c’est que j’ai déposé une troisième plainte qui n’a pas du tout été suivie d’effets », a expliqué Marie Cau à l’AFP. Au lieu de l’aider, les plaintes qu’elle a déposées pour diffamation et menaces verbales « aggravent le problème, elles excitent les gens et, puisqu’elles ne sont pas traitées, leur donnent un sentiment d’impunité », a-t-elle estimé.

PUBLICITÉ

Dans ce contexte, Marie Cau invoque sur X un « climat particulièrement toxique » voire « haineux » au sein du conseil municipal de sa commune. Selon le journal local L’Observateur, plusieurs membres de son équipe ont rejoint les rangs de l’opposition au point de faire basculer la majorité et d’ouvrir une crise au sein du Conseil municipal. Ce mardi, il se trouve qu’elle a été condamnée par le tribunal correctionnel de Douai à indemniser six opposants politiques contre lesquels elle avait porté plainte pour diffamation.

Selon une étude de l’Association des maires de France (AMF) parue en novembre, 83% des maires estiment que leur mandat est « usant » pour la santé, et 86% souffrent ou ont souffert de troubles du sommeil.

Le Centre de recherches politiques de Sciences po (Cevipof) a recensé 450 démissions par an sur la période 2020-2023, contre 350 durant la mandature précédente.

PUBLICITÉ

Dans une lettre distribuée aux habitants de Tilloy-les-Marchiennes que l’AFP a pu consulter, Marie Cau a aussi évoqué comme raisons à son départ la nomination à des postes ministériels de « personnalités ouvertement transphobes » et la réforme des retraites, qui la contraint à envisager un autre emploi pour assurer sa « sécurité financière ».

Marie Cau a par ailleurs accusé la loi Zéro artificialisation nette (ZAN) d’être « mal adaptée aux communes rurales », et de se retourner contre les maires, « vus comme responsables de décisions gouvernementales ». En novembre, en colère contre les coupes budgétaires alors prévues par le Premier ministre Michel Barnier, les maires de France avaient appelé à « décoloniser » les collectivités locales, de plus en plus sous la tutelle de l’État selon eux.

À voir également sur Le HuffPost :

« Des dealers » : la comparaison de cet agent de l’OFB avec les agriculteurs fait bondir droite et extrême droite

Parcoursup en « question » ? François Bayrou suscite des espoirs rapidement douchés par son gouvernement