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Mariano Rajoy entendu comme témoin dans un procès pour corruption

Le chef du gouvernement espagnol a commencé mercredi à témoigner dans un procès pour des faits de corruption touchant son parti entre 1999 et 2005, une première en Espagne. Mariano Rajoy a pris place peu après 10h00 sur l’estrade réservée aux magistrats, et a juré de dire “toute la vérité“. L’audition était retransmise en direct à la télévision publique. Auparavant, il était arrivé en voiture au tribunal situé dans la banlieue de Madrid, échappant aux insultes de plusieurs dizaines de manifestants qui s‘étaient massés devant le bâtiment en scandant “Rajoy… à Soto del Real“, la prison où sont écroués la plupart des politiques mis en cause pour corruption. Le chef du gouvernement espagnol, portant un costume et une cravate sombre, a immédiatement commencé à répondre aux questions de l’avocat de la partie civile, une association d’avocats proche du parti socialiste. L’avocat, Me Jose Mariano Benitez de Lugo, un homme à la voix grave et au ton dur, a commencé par se plaindre du traitement de faveur réservé à M. Rajoy, autorisé à s’installer sur l’estrade, à la droite des juges, et non dans la salle à la place habituellement réservée aux témoins face à eux. Puis, il s’est lancé dans un feu roulant de questions, commençant par les responsabilités de M. Rajoy au sein du Parti populaire, qu’il préside depuis 2004 et au sein duquel il a gravi tous les échelons depuis plus de 40 ans, occupant des fonctions de direction depuis 1986. Ce dossier dit “affaire Gürtel” sur des pots-de-vin versés à des élus et des responsables du Parti populaire (PP, conservateur) en échange de juteux contrats publics hante le chef du gouvernement depuis des années. C’est la première d’une longue série de scandales qui ont écorné depuis presque 20 ans l’image du PP. L’affaire Gürtel, qui compte 37 prévenus, se juge depuis début octobre 2016. Ses principaux protagonistes sont Francisco Correa, un entrepreneur, et Luis Barcenas, ancien intendant et trésorier du Parti populaire, un temps proche de Mariano Rajoy. Les faits remontent aux années 1999 à 2005 et M. Rajoy n’est pas personnellement mis en cause. Mais l’association d’avocats démocrates pour l’Europe (Adade), s’est battue pour le faire venir jusqu‘à la salle d’audience, estimant qu’il doit s’expliquer sur le “contexte” dans son parti face à la corruption. Après cette affaire, il y en a eu un chapelet d’autres – l’affaire dite de la “comptabilité occulte” du PP, le volet à Valence du dossier Gürtel, l’affaire “Punica” impliquant des élus du Parti populaire à Madrid…. Les entrepreneurs, notamment du BTP, décrochaient des contrats, en échange de “commissions” qui enrichissaient directement les élus, allant jusqu‘à financer fêtes enfantines et Jaguars… ou directement le parti, en vue de ses campagnes. Le terrain est glissant pour M. Rajoy, alors que certaines enquêtes sont encore ouvertes. Selon le quotidien El Pais, il préparait l’audition depuis plusieurs jours avec ses avocats. L’avocat a d’ailleurs vite débordé le cadre de l’affaire Gürtel, l’interrogeant sur d’autres dossiers embarrassants pour le Parti populaire (PP). M. Rajoy a assuré pendant l’audition ne s‘être “jamais occupé de questions de comptabilité“. “Je ne me suis jamais occupé des questions économiques du parti“, a-t-il aussi ajouté, assurant ne pas être au courant des activités de l’entrepreneur Francisco Correa, “un fournisseur“. “Je ne le connaissais pas, j’ai dû le croiser lors d‘événements publics, mais je n’ai eu aucune relation avec lui“, a-t-il insisté en martelant qu’il ne traitait que de questions “politiques“. La corruption galopante en Espagne depuis plus de trente ans touche aussi d’autres formations et même des syndicats et le monde du sport, mais depuis une vingtaine d’années, elle a particulièrement concerné le PP en raison de sa large implantation territoriale. Alliée à la politique d’austérité, elle a fini par lui faire perdre sa majorité absolue à la fin de l’année 2015 au profit de deux nouveaux partis : Ciudadanos, de centre-droite, et Podemos (gauche radicale). Avec agence (AFP)