Mariage pour tous : cinq ans et tous leurs bans

Vincent Autin et son mari Bruno Boileau célèbrent devant la foule leur union, premier mariage entre deux hommes en France, le 29 mai 2013, à Montpellier.

Il y a cinq ans, la loi Taubira était adoptée à l’Assemblée nationale, après une lutte acharnée. Si elles ne représentent que 3,1 % des 228 000 mariages célébrés chaque année, les unions homosexuelles ont redynamisé une institution vieillotte.

Mardi 23 avril 2013, vers 17 heures. Un arc-en-ciel enfin succède à des mois d’orage. Après 172 heures de débats, 4 999 amendements déposés à l’Assemblée nationale, 279 au Sénat, le vote est sans appel : la loi ouvrant le mariage et l’adoption à tous est adoptée avec 331 pour (225 contre, 10 abstentions). Le mot «égalité» fuse dans l’hémicycle. Il résonne. Christiane Taubira tient une rose rouge à la main. L’image est belle, solennelle. A la mesure de l’événement. La garde des Sceaux, qui s’avoue «submergée par l’émotion», prend la parole une dernière fois pour défendre «sa» loi. A l’ouverture des débats, en janvier, elle déclamait : «L’acte que nous allons accomplir est beau comme une rose dont la tour Eiffel assiégée à l’aube voit enfin s’épanouir les pétales», vers emprunté au poète Léon-Gontran Damas.

7 367 mariages en sept mois

Là, elle conclut en s’adressant à la jeunesse : «Si vous êtes pris de désespérance, balayez tout cela, […] vous n’avez rien à vous reprocher.» Et de citer, lyrique, Nietzsche : «Les vérités tues - celles que l’on tait - deviennent vénéneuses.»

Le 18 mai, la loi est promulguée, la France devient alors le neuvième pays européen, le quatorzième mondial, à autoriser le mariage des homos. Place aux flonflons et aux pièces montées : entre mai et décembre 2013, 7 367 mariages de couples de même sexe sont célébrés en France. Surtout des hommes (58 %), tandis que l’on recense 42 % d’unions maritales de femmes, selon l’Insee. Surprenant, les gays ont 49,8 ans en moyenne, les lesbiennes 43 ans. «Avant l’adoption de la loi, il y avait, si j’ose dire, tout un stock de couples qui attendaient de pouvoir se marier, et ils l’ont fait dans la foulée», explique la cheffe de l’unité des études démographiques et sociales (...)

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