En marge du procès Paul Watson, le Japon tue pour la première fois en 50 ans un rorqual commun

Photos d’illustration d’un rorqual de 16 mètres, échoué sur la plage de Tréguennec, dans l’ouest de la France, le 10 septembre 2022.
FRED TANNEAU / AFP Photos d’illustration d’un rorqual de 16 mètres, échoué sur la plage de Tréguennec, dans l’ouest de la France, le 10 septembre 2022.

ANIMAUX - Un timing très symbolique. La principale société baleinière du Japon a envoyé ce mercredi 11 septembre à l’Agence France Presse (AFP) une vidéo montrant le premier rorqual commun chassé à des fins commerciales dans l’espace maritime japonais depuis près de 50 ans. Cette vidéo intervient au moment où le Japon mène bataille pour obtenir l’extradition de Paul Watson, fondateur de Sea fondateur de l’ONG Sea Shepherd très engagé contre la chasse à la baleine, qui a été arrêté au Groenland en juillet.

Détention de Paul Watson : le Japon veut manger toujours plus de baleines

Le militant américano-canadien âgé de 73 ans, a fait partie de ceux qui se sont livrés à une rude bataille contre les navires baleiniers japonais dans les années 2000 et 2010, en haute mer. Le Japon l’accuse d’être coresponsable de dommages et de blessures à bord d’un navire baleinier nippon, en 2010, dans le cadre de cette campagne militante, mais ce dernier dément.

Le Japon est l’un des trois pays à pratiquer la chasse commerciale très controversée à la baleine avec la Norvège et l’Islande. Il a ajouté cette année le rorqual commun à sa liste de proies possibles qui comprend déjà le petit rorqual, le rorqual de Bryde et le rorqual boréal.

Les images fournies à l’AFP par la société Kyodo Senpaku montrent un rorqual commun mort, le premier péché depuis le début de l’année. L’animal est en train d’être hissée dans le nouveau « bateau usine » de la chasse à la baleine au Japon, le Kangei Maru, tandis que des employés préparent de grands couteaux pour le découper.

« Il s’agit de la première prise de rorqual commun dans le cadre de la chasse commerciale japonaise depuis 1976 », a déclaré Masuo Ide, porte-parole de la société baleinière Kyodo Senpaku. Le mâle, harponné par des navires plus petits le 1er août au large du Japon, mesurait 19,61 m et pesait au moins 55 tonnes, a-t-il déclaré à l’AFP.

Un quota de 376 baleines à pêcher en 2024

L’équipage du Kangei Maru, navire lancé en mai, a dépecé la carcasse puis congelé et stocké la viande à bord. Quatre autres rorquals communs ont été chassés depuis cette prise.

La semaine dernière, de la viande de rorqual commun a été servie dans la ville de Sapporo, dans le nord du pays, et un grossiste a déclaré aux médias locaux qu’elle était « délicieuse, sans odeur ». « Cela a changé mon impression sur la viande de baleine », a-t-il ajouté. La société baleinière prévoit une autre dégustation vendredi à Tokyo.

La pêche intensive de la baleine fait l’objet d’un moratoire depuis 1986, adopté par la Commission baleinière internationale (CBI). Cette pratique est en effet jugée dangereuse pour l’équilibre des écosystèmes et pour la survie de ces espèces. Mais le Japon, qui considère que la viande de baleine a été une source essentielle de protéines dans les années suivant la Deuxième Guerre mondiale, a quitté la Commission baleinière internationale (CBI) en 2019.

Depuis, il a repris ouvertement la chasse commerciale à la baleine, uniquement dans son propre espace maritime. Cette année, le gouvernement a autorisé les baleiniers à capturer jusqu’à 376 baleines, dont 59 rorquals communs sur les 19 299 estimés dans ses eaux et sa zone d’exclusion économique (ZEE).

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