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"Comme de la marchandise" : le témoignage d'enfants ukrainiens enlevés par des forces pro-russes

Olga Lopatkina et ses neuf enfants, réfugiés dans la Sarthe. - BFMTV
Olga Lopatkina et ses neuf enfants, réfugiés dans la Sarthe. - BFMTV

Olga a neuf enfants, six d’entre eux ont failli ne plus jamais la retrouver. Ils ont été enlevés par des forces pro-russes en Ukraine, et sont restés trois mois dans un hôpital de Donetsk avant de pouvoir rejoindre la France.

Après quatre mois de séparation, Olga Lopatkina, aujourd’hui réfugiée en France, serre à nouveau tous ses enfants - deux biologiques et sept adoptés - dans les bras. Quatre garçons et deux filles, qui ont été retenus contre leur gré à Donetsk dont Timofey, son fils aîné.

"J’ai même demandé à Timofey de trouver des peluches et qu’il couse à l’intérieur le numéro de téléphone de papa et maman, et l’adresse, pour qu’ils puissent nous retrouver en grandissant", raconte cette mère ukrainienne.

Emmenés à Donetsk

Lorsque la guerre éclate, la famille vit dans l’Est, à Vougledar. Olga se réfugie à Zaporijia mais six de ses enfants sont dans un centre de vacances à Marioupol. Alors qu’ils étaient sur le point de la rejoindre, ils sont déroutés plus au nord.

"Il y a une femme qui a intercepté nos enfants sur un territoire où il n’y avait pas de danger… Elle les a arrêtés à mi-chemin et les a amenés à Donetsk", raconte-t-elle.

"On peut dire qu’ils ont été enlevés", confie-t-elle.

"Un endroit d’où on ne s’échappe pas"

"À 15h, le bus arrive avec cette Eleonora, et on nous charge dans le bus, comme de la marchandise", témoigne Timofey, l'aîné de la fratrie. Avec ses frères et sœurs, ils seront bloqués pendant plus de trois mois dans un hôpital, sous contrôle pro-russe.

On les voit d'ailleurs dans un reportage filmé par une chaîne séparatiste. Y apparaît cette femme russe, Eleonora Fedorenko, conseillère aux droits de l'enfants pour la République populaire de Donetsk. "Ça me donne la chair de poule", souffle Timofey à son évocation.

Eleonora Fedorenko peut être trouvée sur le site du Kremlin, preuve de son implication officielle. "Ça s’est passé devant mes yeux, il y avait une fille qui a été emmenée en Russie sous prétexte d’aller dans un sanatorium. Ensuite, en arrivant en France, j’ai appris qu’elle avait été placée en famille d’accueil en Russie", raconte Timofey.

"Je considère que nous sommes presque les seuls à avoir eu la chance de sortir d’un endroit d’où on ne s’échappe pas"

Des "évacuations"

Leur retour auprès de leurs parents s'est en effet fait après d’âpres négociations avec les autorités pro-russes. Selon Timofey, tous les enfants ukrainiens retenus en même temps qu’eux, avaient des parents ukrainiens.

Depuis le début de l'invasion russe en Ukraine, le gouvernement russe est accusé par Kiev et des ONG d'enlèvements et de déportation d'enfants, ainsi que d'adoptions forcées. La Russie, elle, soutient qu'elle évacue, et non expulse de force, des civils vers son territoire.

Les organisations onusiennes dont l'Unicef sont également mobilisées. Selon les autorités ukrainiennes, au moins 16 000 enfants, qui ont été identifiés, ont été emmenés en Russie. Un chiffre qui pourrait être bien plus élevé.

Article original publié sur BFMTV.com

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