Le marché actions chinois poursuit sa mue, selon BNPP AM

LE MARCHÉ ACTIONS CHINOIS POURSUIT SA MUE, SELON BNPP AM

par Patrick Vignal

PARIS (Reuters) - S'il conserve sa spécificité, le marché actions chinois n'en poursuit pas moins son ouverture au monde et se rapproche de plus en plus du fonctionnement des marchés développés, explique Caroline Yu Maurer, responsable actions Chine chez BNP Paribas Asset Management.

"Les capitaux étrangers représentent déjà 7% du marché chinois, ce qui est quand même assez significatif, et cette part augmente", dit-elle à Reuters.

Le temps où les investisseurs chinois dominaient presque sans partage ce marché en recherchant des opportunités sans trop se soucier des fondamentaux est donc révolu.

"Le marché se comporte un peu plus comme les marchés internationaux, en partie à cause de raisons fondamentales et en partie à cause de ces flux de capitaux étrangers, et l'on voit les entreprises de qualité avec un management solide surperformer", ajoute l'experte de la filiale de gestion d'actifs de la banque française.

Il faut distinguer un marché "offshore", déjà ouvert depuis un certain temps aux capitaux étrangers mais de taille encore réduite, et un marché "onshore", soit domestique, bien plus volumineux et qui s'ouvre donc progressivement aux capitaux étrangers.

Pour pénétrer le marché "onshore" et ses actions dites de classe A, libellées en yuans, les investisseurs devaient jusqu'à il y a peu démêler un écheveau réglementaire fait de licences, de quotas et de restrictions en tout genre.

Depuis l'ouverture, en 1990, des Bourses de Shanghai et Shenzhen, le marché "onshore" est devenu progressivement plus accessible aux étrangers, notamment avec la création, en novembre 2014, du programme Stock Connect reliant les deux places de Chine continentale à celle de Hong Kong dans le but de permettre aux investisseurs d'échanger plus facilement leurs titres sur chacun de ces marchés.

"Nous utilisons le lien Stock Connect dès que nous le pouvons pour son aspect pratique et parce qu'il offre un accès aux importantes valorisations sur lesquelles les investisseurs veulent se concentrer", explique Caroline Yu Maurer.

UN NASDAQ CHINOIS

Une autre avancée décisive pour l'ouverture des marchés chinois a été amorcée l'an dernier avec l'inclusion des actions A dans les indices MSCI, qui n'intégraient jusqu'alors que des actions "offshore", comme les titres cotés à Hong Kong et libellés en dollars locaux ou les actions chinoises cotées à New York comme Alibaba ou Baidu.

Dernière nouveauté en date, toujours dans le sens d'un alignement sur les marchés développés, le lancement en juillet à Shanghai du marché Star Board, réservé aux sociétés technologiques chinoises, sur le modèle du Nasdaq américain.

Ce marché apporte une plus grande flexibilité en matière de cotation pour les entreprises désirant y figurer, explique Caroline Yu Maurer.

Le marché chinois ne va pas encore jusqu'à copier les marchés étrangers en termes de performances. L'indice CSI300 des principales valeurs de Chine continentale a ainsi perdu plus de 25% l'année dernière, contre un repli de 6,24% seulement pour le S&P-500 américain.

L'écart s'est resserré cette année avec même un avantage pour le CSI 300 (+29% contre +23,5% pour le S&P).

Le repli brutal de l'an dernier s'explique en partie par l'impact du conflit commercial avec les Etats-Unis mais surtout par l'effet des mesures prises par les autorités chinoises pour lutter contre le désendettement, selon l'experte de BNPP AM.

"Le commerce va certainement jouer un grand rôle dans la direction du marché à court terme", dit-elle. "Les marchés sont optimistes en ce moment et misent sur des progrès vers un accord. S'il n'y a pas de progrès, il y aura de la déception."

Si les marchés de Chine continentale tiennent la forme, il n'en va pas de même pour la Bourse de Hong Kong, dont l'indice Hang Seng, très volatil, s'est stabilisé vendredi après avoir perdu près de 3% en deux séances en raison de la tension politique dans l'ancienne colonie britannique. Il accuse ainsi un repli de plus de 9% depuis son pic de début juillet.

"Il n'y a pas d'impact sur le marché de Chine continentale mais il y en a un sur les sociétés cotées à Hong Kong, notamment dans les secteurs de la distribution, de l'hôtellerie et de l'immobilier", dit Caroline Yu Maurer.

(édité par Marc Angrand)