Marc Ferracci, en visite chez Michelin à Cholet, copieusement hué par les salariés
POLITIQUE - Déplacement sous tension. Venu sur le site de Michelin à Cholet (Maine-et-Loire) ce vendredi 8 novembre, le ministre de l’Industrie Marc Ferracci a été verbalement pris à partie par des employés en colère après l’annonce de la fermeture du site par le groupe. Il a rapidement quitté les lieux, ont indiqué les syndicats.
Chez Michelin, la colère contre ceux qui ont « loupé le virage » de l’industrie automobile française
Venu « pour être au contact et en soutien des salariés qui vivent un drame humain », Marc Ferracci est finalement resté « trois minutes » devant l’usine quittant les lieux peu avant 13h00 après un échange tendu, ont indiqué des syndicalistes. La déclaration du ministre, qui a appelé les « engagements » de l’État, a provoqué des cris d’indignation : « Vous n’êtes pas le bienvenu », « vous nous baladez », peut-on entendre dans l’échange capté par Oxygène Radio. « Personne ne sera laissé sur le bord du chemin », a assuré Marc Ferracci, avant que les huées se renforcent. « L’action du Gouvernement, c’est avant qu’on la veut », a lancé un salarié.
Le Ministre délégué à l’Industrie Marc Ferracci est accueilli par des salariés de #Michelin en colère à #Cholet pic.twitter.com/dKgXGMGSSv
— Oxygène Radio (@Oxygene_Radio) November 8, 2024
Après le départ du ministre, plusieurs centaines de salariés ont défilé dans la zone industrielle de Cholet en scandant « 50 ans pour nous user, 5 minutes pour nous virer » ou « il est beau le Bibendum, toujours le fric avant les hommes ». Dès le début de la matinée, des pneus avaient été enflammés devant le site Michelin, avec des banderoles ou inscriptions sur les murs évoquant les « vies brisées » et les « années à trimer pour se faire jeter ». « Merci pour ce super Noël ! », ont ironisé les quelque 900 « enfants de Michelin » à Cholet, recevant de nombreux signes d’encouragement des passants.
Barnier veut « des explications » de Michelin
Le député macroniste de Cholet Denis Masséglia, lui-même insulté vendredi par certains salariés en colère, a dit comprendre ces « personnes qui ont exprimé leurs souffrances » en s’en prenant au ministre de l’Industrie. « L’État doit les accompagner mais Michelin doit prendre ses responsabilités », a-t-il dit.
Marc Ferracci a lui insisté sur « une indemnisation qui soit digne, avec des montants substantiels » et des reclassements en priorité dans le bassin d’emplois de Cholet. « Non, M. Ferracci, nous ne sommes pas ici pour nous battre pour un chèque, nous sommes ici pour nous battre pour l’emploi », lui a répondu la secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet, venue dans la matinée à la rencontre des salariés sur le site de Vannes où quelque 300 emplois sont également sur la sellette. En tout, ce sont plus de 1 250 emplois qui sont menacés d’ici 2026.
Lors de la séance de questions au gouvernement du 5 novembre, le Premier ministre Michel Barnier avait assuré ne pas être « fier » des choix de Michelin et d’Auchan de « détruire des emplois ». Il avait dans la foulée réclamé des explications sur l’utilisation par ces groupes de « l’argent public qu’on leur a donné ».
Sur la même ligne, les députés écologistes et insoumis ont aussi demandé la mise en place d’une commission d’enquête sur l’utilisation des fonds publics. « Cette commission d’enquête formulera des propositions concrètes pour plafonner dans le temps les aides aux entreprises et effectuer une revue de dépenses, y compris au regard de l’action sociale des entreprises concernées », est-il écrit dans le texte des écologistes, consulté par l’AFP.
Michelin a indiqué avoir reçu de l’État en 2023 42 millions d’euros, essentiellement par le biais du Crédit d’impôt recherche, qu’il juge « très important » pour « rendre les chercheurs compétitifs ».
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