Manuel Valls attendu dans un Proche-Orient en lutte contre Daech

Le Premier ministre Manuel Valls entame samedi en Egypte une tournée de quatre jours qui l'emmènera aussi en Jordanie et en Arabie saoudite, pays engagés comme la France contre l'Etat islamique, dont l'extension déstabilise toute la région. /Photo prise le 9 septembre 2015/REUTERS/Charles Platiau

par Elizabeth Pineau PARIS (Reuters) - Le Premier ministre, Manuel Valls, entame samedi en Egypte une tournée de quatre jours qui l'emmènera aussi en Jordanie et en Arabie saoudite, pays engagés comme la France contre l'Etat islamique, dont l'extension déstabilise toute la région. Des contrats annoncés par Paris comme "significatifs" dans des secteurs aussi divers que la défense, l'énergie, l'aéronautique et l'agroalimentaire doivent être signés mardi à Ryad, en marge d'un forum franco-saoudien auquel participent quelque 200 entreprises françaises. L'Arabie saoudite s'est récemment montrée intéressée par l'achat de navires de projection et de commandement de type Mistral, ainsi que par quatre frégates multimissions Fremm. Aucune négociation n’a toutefois été engagée pour l’instant. Le royaume serait aussi intéressé par l'achat d'équipements de renseignement militaire par satellite, domaine notamment couvert par le français Thales, qui avait émis en mai l'espoir d'un "gros contrat" avec Ryad. Au chapitre énergie, la France espère vendre à l'Arabie deux réacteurs de type EPR conçus par Areva. Le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, participera à cette dernière étape, de même que son collègue de la Défense, Jean-Yves Le Drian, présent sur l'ensemble de la tournée dans une région où la France est engagée militairement. "Sécurité, questions de défense et lutte contre le terrorisme seront bien sûr au coeur des entretiens que le Premier ministre aura avec les dirigeants des trois pays", précise un conseiller de Matignon. Cette tournée aux accents présidentiels par les sujets abordés conduira Manuel Valls à s'entretenir avec le président égyptien, Abdel Fattah al Sissi, au Caire, le roi Abdallah à Amman et le prince héritier Mohamed ben Nayef à Ryad. Il s'agira du plus long voyage du chef du gouvernement français depuis sa nomination, et son premier dans la région. APPROFONDIR LES LIENS AVEC L'ÉGYPTE Les relations franco-égyptiennes connaissent un renouveau avec l'accord passé le mois dernier pour le rachat par Le Caire des deux porte-hélicoptères Mistral initialement destinés à la Russie. Le contrat commercial reste à finaliser. L'Egypte doit aussi acquérir 24 avions de chasse Rafale fabriqués par Dassault Aviation, commande notamment financée par des prêts des pays du Golfe, dont l'Arabie saoudite. Elle s'inscrit dans le cadre d'un contrat franco-égyptien de 5,2 milliards d'euros qui comprend aussi des missiles et une frégate. Forte de cette proximité avec le gouvernement égyptien, la France entend tisser de nouveaux partenariats économiques, dit-on dans l'entourage de Manuel Valls, qui sera accompagné au Caire par une vingtaine de grands patrons. La visite en Jordanie sera dominée par le thème des réfugiés, à l'heure où quelque 630.000 Syriens vivent dans le royaume de 6,5 millions d'habitants. Manuel Valls rencontrera des déplacés, des représentants des agences des Nations unies et des organisations non gouvernementales. C'est aussi en Jordanie que sont basés une partie des avions français engagés contre l'Etat islamique, que Paris combat depuis un an en Irak et depuis le 27 septembre en Syrie. Le dossier syrien, qui évolue quotidiennement au fil des opérations militaires, dominera la tournée de Manuel Valls à l'heure où l'Occident s'inquiète des frappes menées par Moscou en soutien au président syrien Bachar al Assad, dont Paris souhaite le départ. Signe de la confusion mêlée de tension qui règne entre Paris et Moscou, l'Elysée a contredit jeudi des propos du président Vladimir Poutine affirmant que François Hollande était favorable à l'idée d'associer les forces de Bachar al Assad et l'Armée syrienne libre. La question des droits de l'homme sera évoquée en Egypte et en Arabie saoudite, où la peine de mort est encore appliquée. La France demandera "un geste de grâce" pour le jeune chiite Ali al Nimr, condamné à être pendu et crucifié pour avoir manifesté contre le régime saoudien alors qu'il était mineur. (Avec Cyril Altmeyer, édité par Yves Clarisse)