Manno Charlemagne, mort d'un troubadour haïtien

Quand Manno Charlemagne faisait campagne en musique. Il sera élu maire de Port-au-Prince, la capitale d'Haïti, le 25 juin 1995.

Chanteur engagé le plus célèbre de son pays, il avait été contraint à l'exil avant de devenir, à la chute de la dictature du clan Duvalier, maire de Port-au-Prince.

En 1986, le cinéaste américain Jonathan Demme fait plusieurs voyages en Haïti, où il est le témoin des convulsions de la fin de la dictature du clan Duvalier : le «déchoucage», soit la chasse aux «tontons macoutes» et autres éléments liés à l’ancien régime, les espoirs placés dans une nouvelle société, le poids des traditions héritées de l’Afrique… Il en tire en 1987 un documentaire, Haiti : Dreams of Democracy. Deux ans plus tard, le futur réalisateur de Philadelphia et du Silence des agneaux rassemble dans la compilation Konbit, Burning Rhythms of Haiti les sons qui ont accompagné la révolution. Ce disque sera pour beaucoup d’amateurs la porte d’entrée dans l’univers luxuriant des musiques de la Première République noire. Au milieu des cadences trépidantes du kompa (l’ancêtre du zouk), on y trouvait un morceau qui dans son dépouillement guitare-voix donnait la chair de poule: Ayiti pa Foré de Manno Charlemagne.

Dylan et Cuba

En cette ère pré-Internet, les renseignements étaient rares sur ce twoubadou à la voix fiévreuse, qui évoquait autant le protest-song anglophone de la génération Dylan que la nueva trova de la Cuba socialiste. Joseph Emmanuel Charlemagne est né en périphérie de Port-au-Prince en 1948. Père absent, mère expatriée en Floride, il est élevé par une tante. A 15 ans, il est arrêté et torturé par les tontons macoutes, la milice de la dictature qui terrorisait la population avec de prétendus pouvoirs magiques.

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Après avoir fondé un mini-jazz (orchestre dansant), le jeune «Manno» rejoint le mouvement mizik angajé et compose ses premiers brûlots. A la fin des années 70, le duo contestataire qu’il forme avec Marco Jeanty se fait connaître sur les ondes de Radio Haïti Inter. Mais leur popularité grandissante dans les milieux étudiants (...)

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