Manifestations réprimées au Kazakhstan lors du scrutin présidentiel

Des centaines de personnes, 500 selon des chiffres officielles, ont été arrêtées dimanche au Kazakhstan, alors qu'elles protestaient contre un scrutin présidentiel considéré comme joué d'avance. Une élection inédite après 30 ans de règne sans partage de Nursultan Nazarbayev. Manu militari, les manifestants, de tous âges, ont été embarqués dans des bus. Direction les commissariats. Avec une opposition réduite au silence, ou au mieux, un rôle de figurant, le scrutin a conduit sans surprise à la victoire de Kassym-Jomart Tokaïev , avec plus de 70% des voix, selon l'un des rares instituts de sondage autorisés. Profil loyal L'opposition y accorde peu de crédit. En réalité, c'est l'ex-président Nazarbayev qui a choisi son successeur : Kassym-Jomart Tokaïev, un ancien premier ministre et ministre des affaires étrangères de 66 ans, un profil jugé loyal et un homme dont la carrière politique a été tracée dans le sillon de son mentor. Le président élu persiste à dire que le scrutin était bel et bien démocratique. En effet, pour la première fois, six autres candidats concouraient à cette élection présidentielle. Mais ils sont globalement peu connus et après 30 ans d'emprise sur la politique kazakhe, l'ombre de Nursultan Nazarbayev a continué de planer sur la processus électoral. "Illusion" Son successeur, le président élu Kassym-Jomart Tokaïev, a promis d'inclure de jeunes personnalités critiques du gouvernement dans un comité spécial destiné à "promouvoir le dialogue". Une mascarade pour l'opposition, dans un pays où le Parlement approuve les yeux fermés la politique décidée par le gouvernement, où les médias d'opposition ont été interdits et où les réseaux sociaux sont étroitement contrôlés. Le Kazakhstan fait partie des 25 pays les plus mauvais en matière de liberté de la presse, selon Reporters sans frontières. Et pour l'ONG Human Rights Watch, l'idée est d'une démocratie au Kazakhstan reste pour l'heure une "illusion".