Manifestation à Paris contre le pass sanitaire: le dérapage de Martine Wonner

Martine Wonner, troisième en partant de la gauche, a participé à la manifestation parisienne contre l'extention du pass sanitaire. C'est à cette occasion qu'elle a tenu un discours qui pourrait lui valoir une action en justice. (Photo: BERTRAND GUAY via AFP)
Martine Wonner, troisième en partant de la gauche, a participé à la manifestation parisienne contre l'extention du pass sanitaire. C'est à cette occasion qu'elle a tenu un discours qui pourrait lui valoir une action en justice. (Photo: BERTRAND GUAY via AFP)

POLITIQUE - Il ne veut pas laisser passer. Christophe Castaner souhaite que la justice soit saisie après les propos tenus ce samedi 17 juillet par une députée lors de la manifestation parisienne contre l’extension du pass sanitaire et la vaccination obligatoire des soignants. Le président du groupe LREM à l’Assemblée a écrit au président de l’institution Richard Ferrand pour qu’il demande au procureur de la République de Paris s’il y a lieu d’engager des poursuites.

La députée en question s’appelle Martine Wonner. Élue sous l’étiquette LREM en 2017, cette psychiatre a été écartée courant 2020 après des prises de position très controversées et un vote contre le plan de déconfinement. Depuis le début de la pandémie de Covid-19, elle est ainsi devenue une figure de la galaxie covidosceptique.

C’est en cette qualité qu’elle a pris la parole aux côtés de Florian Philippot ou Nicolas Dupont-Aignan lors du rassemblement organisé dans la capitale pour dénoncer “la dictature sanitaire” qu’Emmanuel Macron voudrait instaurer pour lutter contre la quatrième vague de Covid-19.

Wonner appelle à “envahir les permanences”

“Jamais nous n’accepterons cette dictature. Nous devons refuser la ségrégation entre vaccinés et non vaccinés, nous devons refuser la stigmatisation”, a-t-elle lancé à la tribune montée près du ministère de la Santé. Seulement l’élue alsacienne ne s’est pas arrêtée là et elle a littéralement appelé à la violence contre ses collègues. “Allez faire le siège des parlementaires, allez envahir leurs permanences pour dire que vous n’êtes pas d’accord”, a en effet déclaré la députée du Bas-Rhin.

Ces propos ont été d’autant plus mal accueillis par certains de ses collègues que plusieurs d’entre eux sont la cible de menaces de mort parce qu’ils défendent les mesures annoncées par le chef de l’Etat. Richard Ferrand, dont la permanence a été envahie, a d’ailleurs annoncé jeudi avoir porté plainte en sa qualité de président de l’Assemblée.

“Elle n’a plus sa place au Palais Bourbon”

“Dans le contexte de recrudescence des menaces et des actes contre les élus et tout particulièrement contre les parlementaires, il ne saurait être toléré qu’une représentante de la Nation, siégeant à nos côtés, puisse proférer de telles paroles, incitant à la haine et à la rébellion, y compris par des actes violents”, écrit ainsi Christophe Castaner, dans un courrier que l’AFP a consulté.

Il n’est pas le seul à avoir réagi. “Martine Wonner sans limite”, a tweeté Matthieu Orphelin (ex-LREM) tandis que Jean-Baptiste Moreau (LREM) estime que Martine Wonner “déshonore la République et la démocratie”. “On était habitué à l’entendre débiter ses âneries dans l’hémicycle ou dans la rue. Mais là cela va trop loin, une plainte doit être déposée, elle n’a plus rien à faire au Palais Bourbon”, s’emporte le porte-parole du parti macroniste.

Plusieurs députés du groupe Liberté et Territoires qu’elle a rejoint après son départ de LREM appellent aussi à ce qu’elle quitte leurs rangs.

Samedi en fin de soirée, l’intéressée a dénoncé la “surinterprétation” de ses propos qui viserait à lui “nuire”. “Les citoyens ne supportent les non réponses par mail, télophone ou courrier de leurs élus. Les collectifs citoyens vont solliciter des rendez-vous dans les permanences qui servent à cela”, a-t-elle nuancé sur Twitter en répondant à Christophe Castaner. Pas sûr cependant que cela suffise à faire changer d’avis l’ancien ministre de l’Intérieur.

À voir également sur Le HuffPost: Contre le pass sanitaire, des milliers de manifestants dans toute la France

Cet article a été initialement publié sur Le HuffPost et a été actualisé.

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