Les mangas pornos bientôt boycottés par certaines cartes bancaires ?
Alors que le manga ne cesse de gagner en popularité à travers le monde, au Japon, la pornographie en dessin, y compris celle à caractère pédophile, ne fait pas l’objet de contrôle de la loi, au nom de la protection de la liberté artistique. Dans ce contexte, certaines sociétés de mangas font face à la pression d’entreprises occidentales de cartes bancaires, révèle l’hebdomadaire nippon Nikkei Asia. Ces entreprises (qui commercialisent des cartes de crédit telles que Visa, Mastercard, American Express…) permettent notamment d’acheter des mangas japonais depuis l’étranger.
Au début de l’année, rapporte le magazine, une plateforme de manga a ainsi reçu une alerte de la part d’un prestataire de paiement : celui-ci lui indiquait que ses activités constituaient une “entorse” à la règle d’une entreprise de carte bancaire américaine (sans la nommer), évoquant même une sanction financière pouvant atteindre des centaines de milliers de dollars. Face à ce risque, la plateforme de manga a été contrainte de renoncer à cette méthode de paiement en ligne pour ses clients étrangers. “On va devoir réduire la dépendance de notre plateforme à l’égard des contenus pornographiques”, a déclaré le dirigeant de la plateforme, cité par le site.
Manga Library Z, un site web japonais qui met en ligne des mangas épuisés, a été également prié par des sociétés de cartes de crédit occidentales (leur nationalité n’a pas été précisée) de retirer certains titres pornographiques.
Des craintes pour la liberté d’expression
Au Japon, ces affaires ressuscitent un énième débat sur les limites de ce qu’on peut décrire dans le manga, entre la crainte que certains contenus ne provoquent des actes problématiques et la possibilité que l’interdiction de ces contenus entraîne une censure généralisée. Ken Akamatsu, dessinateur de manga et sénateur, connu pour son militantisme en faveur de la liberté artistique et interrogé par le magazine, craint même qu’une prochaine requête de la part de ces entreprises de cartes bancaires puisse aboutir à l’“interdiction de tous les romans […] violents”.
[...] Lire la suite sur Courrier international
Sur le même sujet :
Le Japon submergé par la vague des “zines”, ou la revanche du papier
Le Japon se penche sur les traumas des soldats de la Seconde Guerre mondiale, longtemps tabous
Japon : les grandes manœuvres débutent pour remplacer le Premier ministre Kishida
En matière d’inclusivité du transport public, Tokyo a “une longueur d’avance” sur Paris